Dans cet article, je vais répondre à la question : Que répondre aux autres ? Maintenant que tu es sans alcool, maintenant que tu ne bois plus : tu vas forcément susciter la curiosité de certains ou provoquer des réactions vives chez d’autres. Ça peut être une vraie épreuve… Étant donné que l’alcool est banalisé dans notre société, les gens vont parfois te demander de te justifier. Si tu ne sais pas quoi dire, tu risques de rechuter bêtement. Lis bien l’article jusqu’à la fin, je vais te donner trois étapes pour faire face au jugement des autres.
- Le problème quand on ne boit pas
- Trois catégories de personnes à qui tu vas devoir te confronter
- Les relations de travail
- Les proches
- Introduction à l’affirmation de soi
- Les autres
- Se préparer
- Les personnes qui jugent
- Les addicts
- Les non addicts
- Introduction à la peur du jugement
- 3 étapes pour faire face au jugement des autres
- Étape 1 : Isole toi et pratique le discernement
- Étape 2 : Essaye de ressentir de la compassion pour cette personne qui t’a jugée
- Etape 3 : Met des limites avec cette personne
- Fin sur une note positive !
Le problème quand on ne boit pas
Avec ta démarche de sobriété tu vas à contre-courant de la société. Ne pas boire est subversif ; cela bouleverse l’ordre établi. Dans notre société, ce qui est établi c’est que boire de l’alcool est festif et convivial. L’alcool est banalisé. La plupart des gens ne se posent pas la question de savoir si leur consommation est problématique ou pas car l’alcool est partout et accepté de tous.
Ce qui est fou parce que si on parle d’autres drogues, on remarque que ce n’est pas le cas de l’héro ou de la cocaïne par exemple. Quand tu arrêtes ces drogues tu ne les trouves pas dans un supermarché. Ces drogues ne sont pas acceptées par notre société.
Il y a également la cigarette qui depuis très récemment est mal acceptée dans la société. La clope est maintenant perçue comme une addiction mais avant, jusqu’à il y a encore très récemment, personne ne se posait la question. Tout le monde fumait comme tout le monde boit de l’alcool aujourd’hui.
C’était accepté par tout le monde. La cigarette était un plaisir. Maintenant dans les consciences collectives la cigarette est mauvaise pour la santé. Et fumer est même parfois considéré comme une faiblesse, un mal être. Et ça mine de rien, même si personne ne va te le dire en face, tu vas le ressentir et tu vas avoir une pression de la société pour arrêter.
Il y a de grandes chances, vu la tendance actuelle qui va vers le bien-être physique et mental, que l’alcool soit un jour considéré comme la cigarette c’est-à-dire comme quelque chose qu’il faut arrêter. Je suis persuadée que ça va arriver ! Un jour il y aura marqué « l’alcool tue » sur les bouteilles. Mais pour l’instant ce n’est pas le cas et il faut faire avec. Donc si tu veux bien vivre ta sobriété : il faut accepter cette limite de la société.
Donc si toi tu sais que l’alcool n’est pas positif pour toi, parce que tu as fait tout un travail sur toi derrière, les autres eux ne le savent pas. Ce n’est pas encore arrivé à leur conscience. Du coup les gens peuvent être surpris, étonnés de ta non-consommation. Et ils ne comprennent pas : pourquoi s’empêcher de vivre quelque chose de festif et convivial ? A quoi sert de vivre si on se coupe des plaisirs de la vie ? Ta démarche va à l’inverse de ce qu’ils ont l’habitude d’entendre. Donc tu vas devoir leur expliquer ta démarche.
Je pense qu’il y a trois catégories de personnes auxquelles tu vas devoir te confronter. Par économie d’énergie, pour ta santé mentale il va te falloir adapter ton discours en fonction des personnes.
Trois catégories de personnes à qui tu vas devoir te confronter
Les relations de travail
Tout dépend de la relation que tu as avec tes collègues mais d’expérience il vaut mieux ne pas trop s’étendre sur sa vie personnelle. Même si pour toi ce n’est pas tabou ; sortir « je suis alcoolique » ou « j’ai un problème avec l’alcool » au travail amènera forcément des jugements de la part de tes collègues. Après tout dépend évidemment de tes collègues mais il y a un risque qu’ils ne te regardent plus comme avant. Ils vont te mettre dans une petite case avec marqué « alcoolique » dessus, c’est comme ça. Donc que ce soit pour un goûter de Noël, pour un after work ou pour une sortie entreprise je te conseille d’utiliser une réponse très simple : « Je ne bois pas. » Tu peux utiliser des variations : « Non merci je ne bois pas aujourd’hui. » « Non merci juste un verre d’eau s’il te plait. »
En général, les gens n’osent pas poser de questions car ils sont au travail. Ils osent moins. Si quelqu’un te demande quand même pourquoi tu ne bois pas, je te conseille d’utiliser le mensonge. Oui tu as bien lu.
Je te donne des exemples :
- Non merci je prends des médicaments
- Non merci mon médecin m’a conseillé de ne pas boire, car j’ai quelques soucis de santé
- Non merci je dois me lever tôt demain
- Non merci je conduis ce soir.
Tu peux appeler ça des excuses si tu préfères ! Toutes les excuses sont bonnes tant que ça te tient loin de l’alcool ! Elles n’ont pas besoin d’être vraies. Tu peux inventer n’importe quoi ! Cela te permettra d’éviter de te justifier. C’est un gain d’énergie considérable et c’est très pratique pour une soirée ou un verre à un moment.
Par contre je te déconseille de mentir à tes proches ! La seconde catégorie à qui tu vas devoir te confronter est celle de tes proches.
Les proches
Les personnes qui t’aiment et que tu aimes. Ce n’est pas simple non plus ! Normalement si ces personnes t’aiment elles devraient te soutenir. Il y a toutefois des exceptions. Parfois tes proches sont alcooliques, ils sont donc incapables de te soutenir mais ça on va en parler après. Quelle que soit la situation je te conseille de les tenir au courant de ton abstinence. L’avantage de tenir au courant les autres de ton abstinence c’est qu’il y a moins de surprises et plus de possibilités de soutien de la part de tes proches. Même s’ils ne comprennent pas ils peuvent éviter de faire certaines choses pour toi, comme te servir un verre par exemple ou insister pour que tu boives !
Car il peut arriver que tes proches minimisent ta consommation ou t’encouragent à boire. Quand j’ai arrêté l’alcool je me suis rendu compte que les gens ne percevaient pas forcément mon addiction aussi fort et mal que ce que moi je la percevais. Pour eux le problème n’était pas si grave que ça ! Les gens ont leur propre perception du monde. Ils ne sont pas tous les jours avec toi. Donc ils ne voient pas la violence de ta gueule de bois le lendemain matin, ni ta culpabilité, ni ton anxiété. Eux ils te voient juste t’amuser. Parfois déconner certes mais ça les fait rire. Ils n’imaginent pas la souffrance derrière. Il suffit que leur perception de l’alcool soit bonne et ils ne voient pas le problème.
Parfois aussi tes proches font des actions sans se rendre compte que c’est difficile pour toi. Je te donne un exemple J’ai une anecdote. Récemment j’étais à une soirée ou on était tous assis autour de tables pour manger. Il y avait de grands banquets. Il y avait du vin et surtout du vin rouge. Le vin rouge c’était mon alcool préféré quand je buvais donc je sais que c’est une situation à risque pour moi. J’étais en bout de table, mon copain était assis à côté de moi. On était un peu serrés.
Il faut savoir que mon copain ne boit jamais de vin rouge. Mais là je ne sais pas ce qui lui a pris : devant moi alors que personne ne voulait de vin rouge, il ouvre une bouteille de vin rouge. Il débouchonne la bouteille avec le tire-bouchon. J’entends le POC. Déjà à ce moment-là c’était très compliqué pour moi parce que j’ai toujours aimé ce bruit de bouteille qui s’ouvre donc ça m’a immédiatement donné envie de boire. Mais ce n’est pas fini. Il prend son beau verre à vin et se sert tout doucement un verre de rouge. Puis il prend son verre, il fait tourner le vin à hauteur de mes yeux. Puis il le sent comme s’il s’y connaissait (alors qu’il ne boit jamais de vin). Puis il boit une petite gorgée. Il me regarde et me dit « hum très bon ». A ce moment-là je le regardais faire, j’étais en PLS. J’ai beugué, les gens me parlaient autour mais je ne réagissais pas. J’ai eu une envie de boire comme pas possible.
Alors je te rassure je n’ai pas bu ! Mais c’était chaud. Et je me suis dit mais « Comment lui qui me connaît qui connaît mon addiction peut faire un truc pareil devant moi ? »
C’est très simple, il n’y a pas pensé.
A sa décharge, on n’en avait jamais parlé. J’ai donc dû lui expliquer de ne pas faire ce genre d’actions devant moi. Qu’il pouvait boire du vin rouge devant moi mais que j’aimerais si possible qu’il évite de grossir les traits et de faire un condensé de tout ce que j’aimais avant. Donc parfois il faut faire preuve d’un peu de diplomatie… Et réexpliquer ce qui est compliqué pour nous ou pas parce qu’ils ne peuvent pas le savoir
Il faut passer par des conversations d’explications avec ses proches. Le mieux c’est de communiquer, d’exprimer son besoin et de demander à la personne de ne plus refaire l’action. S’ils minimisent ta consommation ou t’encouragent à boire, tu peux leur expliquer calmement que ce qu’ils font n’est pas aidant avec toi.
Il faut prendre le temps. Et parfois il faut leur réexpliquer plusieurs fois. Les consciences sont longues à changer, dire à quelqu’un blanc alors qu’il a entendu noir toute sa vie c’est compliqué. C’est un temps à prendre pour leur montrer que leurs croyances sont erronées mais ils peuvent faire évoluer leurs schémas dans le but de te soutenir et non de te mettre en danger. Il est possible qu’ils soient plus gênés de se rendre compte que c’est important pour toi plutôt que de t’envoyer balader.
C’est peut-être l’occasion d’apprendre à t’affirmer.
Introduction à l’affirmation de soi
L’affirmation de soi est une composante de la confiance en soi. Je vais probablement te faire un article complet sur le sujet. Mais pour t’expliquer brièvement, s’affirmer c’est être en contact permanent avec ses propres priorités, désirs, besoins et limites. C’est également avoir la capacité de s’exprimer positivement avec assurance, de façon constructive sans écraser les autres. On appelle cela avoir un comportement assertif. Ce comportement se distingue du comportement passif ou autrement appelé soumis, du comportement agressif et du comportement manipulateur.
Être assertif c’est défendre ses droits, ses besoins d’une manière amenant les autres à les considérer sérieusement, sans empiéter sur leurs besoins à eux. On ne peut pas exiger d’eux qu’ils changent leurs habitudes. Ce n’est pas correct. Il faut respecter leurs besoins. Il faut faire des compromis. C’est à toi de t’éloigner si c’est compliqué pour toi. Tu peux les rassurer en leur expliquant qu’ils n’ont pas besoin de changer leurs habitudes pour toi lorsqu’ils sont chez eux. Que ce n’est pas la peine de cacher l’alcool.
Mais tu défends tes droits. Tu peux leur demander qu’ils ne l’exposent pas ouvertement devant toi. Ou alors leur dire : « Merci de ne pas me pousser à consommer » ou encore « j’aimerais que vous respectiez mon choix de ne pas boire. » Si ça provoque un débat change de sujet. Propose : « On est pas d’accord et ce n’est pas grave. Je ne dérange personne donc je propose de changer de sujet, l’important est de passer une bonne soirée, qu’en pensez-vous ? » Et en dernier recours car le but n’est pas de les culpabiliser, n’hésite pas à partir si tu te sens mal à l’aise « Si ça te dérange que je ne boive pas, je ferais mieux d’y aller » Après s’ils consomment devant toi ou pas le choix leur appartient. Mais normalement si la personne t’aime elle t’écoutera et fera tout pour que tu te sentes le plus à l’aise possible.
La troisième catégorie de personnes à laquelle tu peux être confronté(e) comprend toutes les autres personnes : c’est-à-dire les personnes que tu ne connais pas, que tu connais de vue. Des personnes que tu croises en soirée et qui ne sont ni tes proches avec qui tu es intime, ni des relations de travail…
Les autres
Tu peux leur en dire un peu plus qu’au travail si tu le souhaites… Ce sont des personnes qui peuvent s’interroger sur le fait que tu ne bois pas quand ils te rencontrent par exemple. Et là tu as le choix.
Tu peux ouvertement te positionner en tant que personne qui a un problème avec l’alcool ou alors tu peux choisir de ne rien dire et juste refuser les verres. C’est toi qui choisis comment tu veux présenter la chose. Moi en général j’en parle ouvertement… Parce que j’ai toujours été comme ça, j’ai toujours été sans tabou… En général je réponds : « J’ai assez bu dans ma vie pour dix personnes normales » ou alors « J’ai déjà assez bu pour le reste de ma vie », je dis ça avec un grand sourire ou encore je réponds tout simplement « j’ai arrêté l’alcool ». Si la personne me demande pourquoi, je lui réponds en toute honnêteté. Je lui donne les raisons de mon arrêt.
Si tu veux en parler mais que tu ne veux pas donner les raisons car tu es gêné, tu peux donner des raisons médicales : j’avais une pancréatite, mon médecin m’a dit que je ne devais plus boire…
Tu peux aussi donner des raisons plus générales : j’avais besoin de retrouver ma créativité, l’alcool me rendait nerveux, je veux donner le bon exemple à mes enfants, l’alcool me foutait en l’air, l’alcool me détruisait la santé. Après évidemment je ne dis pas à tout le monde non plus… Si je sens que la personne va me juger j’évite le sujet juste par pure économie d’énergie !
Tu peux aussi choisir comme pour les relations de travail de ne rien dire ! Tu peux très bien dire « je ne bois pas point ! Non merci je ne bois pas. » Tu peux dire « Non merci je n’ai pas envie. » Cette phrase est imparable. Saches que tu n’as pas à te justifier de ne pas boire ! Est-ce qu’un héroïnomane doit se justifier de ne pas prendre d’héro ? Et est-ce qu’un non-fumeur doit se justifier de ne pas fumer ? NON. Et bien pour l’alcool c’est pareil, c’est une drogue au même titre. C’est une des difficultés de l’alcool c’est que c’est très banalisé de boire mais en réalité tu n’as pas à te justifier de ne pas boire, tu n’as pas à te justifier de ne pas prendre une drogue.
Donc c’est à toi de choisir à qui tu dis les choses ou pas.
Se préparer
J’aimerais ajouter que c’est important que tu te prépares à l’avance ! J’aurais très bien pu te parler des réponses à donner aux autres dans l’article Soirée sans alcool partie 3 Préparation à la soirée.
Que vas-tu dire à tes amis ? A ton rendez-vous ce soir ? A ta famille ? A tes collègues ? Que vas-tu répondre à « je te sers un verre ? » C’est important d’y réfléchir à l’avance…
Car si tu ne sais pas quoi répondre, ton cerveau va beuguer et choisir l’alcool par panique.
Donc prévois bien ta réponse dans ta tête. Tu peux t’entraîner à répondre aux autres, avant ! Choisis une réponse pour chaque situation et entraîne toi devant ton miroir. Dis-les en silence puis dis-les à haute voix ! Il faut que ça devienne automatique !
Autre chose : Si en général les gens sont compréhensifs et bienveillants, il peut arriver que ce ne soit pas le cas. Parfois les gens peuvent juger.
Les personnes qui jugent
Elles peuvent être des proches ou des gens que tu ne connais pas ou peu.
Vous avez été plusieurs à me demander d’en parler. Et en effet ça peut être très compliqué à vivre.
Quand j’ai fait la vidéo pour Konbini, la plupart d’entre vous sont là grâce à cette vidéo, j’ai été très exposée aux autres. J’ai reçu une vague de jugement de la part des gens. Des jugements de toutes sortes : sur mon physique, mon nom de famille, ma façon d’être et surtout sur mon ancienne consommation et sur mon abstinence. Donc j’en sais quelque chose du jugement lorsqu’on a arrêté l’alcool !
Ce qui est intéressant c’est que sur les réseaux sociaux les gens disent vraiment ce qu’ils pensent, puisqu’ils sont derrière un écran, donc ça m’a permis de remarquer qu’il y a deux types de personnes qui jugent.
Le premier type de personnes qui jugent est : les addicts.
Les addicts
Ils minimisent et banalisent ta consommation. Sous la vidéo Konbini, j’ai eu des commentaires du type :
- « Oui elle a juste fait des soirées étudiantes quoi ! »
- Ou encore « Dans certains pays c’est la base de boire comme ça, je vois pas le problème. »
- Ou encore des gens qui identifiaient d’autres personnes : « Ah merde on est alcoolique mdr ».
- Ou encore : c’est pas être alcoolique ça.
Dans la vie réelle c’est-à-dire pas sur les réseaux ça va être :
- « Allez ! Tu vas bien boire une petite bière avec moi ? »
- « Il faut vraiment que tu goûtes celui-là ! »
- « Allez fais juste une exception pour ma soirée ! »
- « Tu es malade ou quoi ? »
- « Mais non tu n’étais pas si alcoolique, qu’est-ce que tu racontes ? » Les gens qui disent ça en général sont alcooliques.
- Ou encore « Mais non en vrai tu gérais. »
- « Tu te prends trop la tête. »
- « Il faut profiter un peu de la vie. »
- « Il faut profiter de ta jeunesse. »
- « Tu vieillis avant l’heure… »
- « Tu es une mamie… »
- « T’es juste devenue chiante en fait. »
- Il y a aussi le : Ange… Un petit verre ? Alors qu’ils savent très bien que j’ai arrêté. Sérieux arrêtez de faire cette blague, ça fait un an que je suis sobre et je l’ai déjà entendu 50 fois ! 😅
Parfois ils peuvent même se vexer si tu ne consommes pas. Ils ne se sentent pas honorés.
Il y a aussi les gens qui se sentent attaqués lorsque tu parles de ton abstinence.
Il y a ceux qui veulent à tout prix te dire qu’ils ne boivent pas beaucoup alors que tu n’as rien demandé et que tu t’en fiches royalement mais ça encore c’est gentil. Et il y a ceux qui balancent des : « Faut se faire plaaaaaisir dans la vie ! » Mais ils ne s’adressent pas à toi, ils parlent en l’air ! Ce ne sont pas des phrases qui ont pour vocation d’entamer un débat. C’est un peu comme une sorte d’agression qui doit rester sans réponse. Parfois ça peut être deux addicts qui ont une conversation devant toi sur les bienfaits de l’alcool. Mais sans t’inclure dans la conversation. C’est assez violent à vivre.
Alors je tiens à préciser que moi j’étais la pire. J’étais celle qui mettait la pression aux autres pour qu’ils picolent. Je voulais qu’ils m’accompagnent. Si une personne ne buvait pas, je la catégorisais immédiatement de personne chiante. Quand je bossais au supermarché j’avais une collègue qui ne buvait pas, ne fumait pas. Je n’arrêtais pas de lui dire mais Comment tu fais pour t’amuser ? Pour moi elle ne sortait pas assez. J’étais vraiment la pire. Et j’ai honte parfois en me rendant compte de la pression que je mettais aux autres ! Tout ça pour que je culpabilise moins de boire. Je jugeais les gens par rapport à leur consommation.
Alors il faut que tu saches que les gens qui font ça, ce n’est pas vraiment leur faute. Les personnes qui se permettent ce genre de phrases sont addicts ! Et ils sont totalement dans le déni. On n’a pas la même perception du monde. Eux ne la voient qu’à travers le prisme de l’alcool malheureusement. Donc par ces phrases ils se défendent car tu viens bouleverser leurs habitudes. Ta simple présence vient questionner leur consommation. Donc prends du recul, reste calme et ne le prends pas personnellement. Il est possible qu’un jour ces personnes viennent te voir et te disent qu’elles avaient tout faux. Comme moi je m’en suis rendu compte aujourd’hui.
Le second type de personnes qui jugent est : les non addicts.
Les non addicts
Et franchement, je ne sais pas c’est quoi le pire. Eux leur truc c’est de minimiser ta souffrance et les efforts que tu as dû faire pour arrêter.
Ces personnes te disent :
- « Mouais une addiction ? Oui tu t’es juste repris c’est tout. »
- « Oui tu as eu la volonté d’arrêter c’est tout. »
- Ou « Arrêter l’alcool c’est juste une question de volonté ! »
- « Quand on veut on peut ! » Je déteste cette phrase…
- Ou encore : « Regarde-moi j’y arrive bien, je ne bois que deux verres. »
Sous la vidéo Konbini j’ai eu des commentaires du style :
- « Et quoi ? Tu veux une médaille pour avoir arrêté ? »
- « Tu t’es mise dans la merde toute seule… »
- Ou alors « Oui une poche tout simplement. »
- Ou encore : « Moi je n’y ai jamais touché ! J’ai sur direct que c’était de la merde ! » Gnagnagna
Ça peut être très très frustrant je sais… Cette non-compréhension des autres. Cette non-bienveillance parfois. Mais pareil, il faut prendre du recul. Ce n’est pas leur faute. En fait ils sont juste très mal informés et ne se sont jamais penchés sur la question.
Encore une fois il faut accepter les limites de la société : il y a un manque total de sensibilisation à la problématique de l’alcool. On ne peut pas vraiment leur en vouloir et c’est à nous de leur expliquer que quand on boit trop l’alcool devient un besoin et est une source de souffrance. C’est à nous de leur expliquer que ce n’est plus un plaisir et que ce n’est pas une question de volonté. Parfois on veut mais on ne peut pas non. Un chemin neuronal a été créé dans ton cerveau, ton cerveau ne cesse de vouloir le réemprunter et ton cortex préfrontal qui est responsable du contrôle est endommagé par l’alcool. Tout ça je t’en ai parlé dans la partie 1 L’origine du craving. Pour répondre à ces personnes il faut bien maîtriser son sujet… Ce que tu peux faire c’est reprendre mon article et t’entraîner à en parler.
Dans tous les cas, ne te prends pas trop la tête. Parfois il vaut mieux laisser tomber. Essayer de convaincre les gens ne fonctionne pas, il faut que ça vienne d’eux, qu’ils aient envie de comprendre ! Donc ne gaspille pas trop ton énergie.
C’est à toi de construire ta force interne. Pour ça il faut travailler sur l’affirmation de soi dont je t’ai parlé tout à l’heure mais c’est aussi très important de travailler sur ta peur du jugement. Je pense que je te ferai un article complet sur l’affirmation de soi et un article complet sur comment se libérer de la peur du jugement. Parce que ce sont deux compétences clés pour répondre aux autres ! Qu’est-ce que tu en penses ? Dis-moi dans les commentaires si ça t’intéresse ?
J’aimerais quand même introduire la peur du jugement. Je vais t’en parler brièvement.
Introduction à la peur du jugement
Moi je suis quelqu’un qui a toujours été sclérosée, pétrifiée par la peur du jugement depuis petite.
Donc quand j’ai vu certains commentaires sous la vidéo Konbini je vous avoue que ça a été assez dur. Sur le coup je l’ai très mal vécu, je pense que c’était la raison de mon absence depuis janvier, j’avais besoin de prendre du recul. J’ai fait cette vidéo avec une bonne intention donc je ne m’attendais pas à tout ça.
Mais cette vidéo à finalement été très positive pour moi ! Parce qu’elle m’a forcé à travailler sur cette peur du jugement que j’avais. Aujourd’hui je suis libre, je suis immunisée contre le jugement des autres. Et je voulais t’en parler parce que Quel bonheur ! Aujourd’hui je suis totalement libre de faire ce que je veux au moment où je le veux. Parce que je n’ai plus peur de qui que ce soit, je n’ai plus peur de ce que les gens vont dire de moi. Quand tu as goûté à cette liberté, tu ne peux plus faire marche arrière. Donc en attendant l’article complet sur la peur du jugement je vais te donner trois étapes pour faire face au jugement des autres.
3 étapes pour faire face au jugement des autres
Étape 1 : Isole toi et pratique le discernement
Ce genre de situation risque de provoquer chez toi des réactions, des émotions négatives qui peuvent te donner envie de boire, ça peut te faire rechuter. Donc prends bien conscience que si tu as envie de boire c’est probablement parce que cette personne t’a jugée et uniquement à cause de ça.
Demande toi : Est-ce que je veux vraiment détruire tous mes efforts pour cette personne ? Franchement ? Que sait cette personne de moi ? Est-ce que son jugement est justifié ? Il ne l’est jamais ! Car n’oublie pas qu’il n’y a que toi qui peux savoir si tu es dépendant ou pas et il n’y a que toi qui peux savoir ce qui est bon pour toi ou non ! Ils ne savent pas mieux que toi ce qui est bon pour toi ou non.
Étape 2 : Essaye de ressentir de la compassion pour cette personne qui t’a jugée
Cette personne : ou elle est addict ou elle est très peu sensibilisée au problème de l’alcool. Ou elle a eu de mauvaises expériences avec des alcooliques par le passé. Les gens ont rarement de mauvaises intentions. La plupart du temps c’est juste qu’ils agissent et réfléchissent avec leur propre perception du monde. Qui n’est pas la même que la mienne, ni la même que la tienne. Cette perception du monde dépend d’énormément de facteurs sur lesquels tu n’as pas prise. Ça dépend de leur éducation, de ce qu’ils pensent de l’alcool, de leurs événements de vie, de leurs rencontres. Tu n’as pas de contrôle dessus. Il suffit qu’il ait eu un parent violent alcoolique pour qu’il ait de l’aversion envers toi. Donc, prends du recul et ressent de la compassion pour cette personne.
Attention, ressentir de la compassion ne veut pas dire ne pas défendre ses droits ! Souviens toi ce que j’ai écris sur l’affirmation de soi. Et c’est la troisième étape : Met des limites avec cette personne !
Etape 3 : Met des limites avec cette personne
Reste fort dans tes positions. Toi tu sais ce qui est bon pour toi. Les autres ne doivent pas interférer entre toi et la version de toi idéale. Dis NON aux autres pour te dire OUI. Et ça je t’en ai déjà parlé, ça rejoint ce que je t’ai dit tout à l’heure sur l’affirmation de soi.
Fin sur une note positive !
Alors j’aimerais finir cet article par une note positive ! Heureusement parmi les personnes addicts et non addicts il y en a qui sont bienveillantes et qui comprennent sans problème ! Moi dans la vie réelle en tout cas, c’est à dire pas sur les réseaux : je rencontre plus de personnes bienveillantes que de personnes malveillantes. Ils te soutiennent même s’ils sont addicts ou même s’ils n’ont jamais vécu l’addiction.
Ces personnes-là sont des petits anges gardiens. Parce que c’est facile d’être sobre avec eux… Tu n’as pas l’impression d’être différent.
Donc je te conseille vraiment de t’entourer de ces personnes là ! Elles te seront d’une grande aide !