Cet article est pour les personnes qui se posent des questions sur leur consommation d’alcool.
Pour ceux qui se demandent : Est-ce que je suis alcoolique ?
Ou encore : À partir de quand est-on dépendant ?
Quand on se pose des questions sur sa consommation d’alcool, il est très compliqué de s’y retrouver ! Il existe beaucoup de termes : abus, dépendance, consommation excessive, alcoolique, addict, alcoolodépendance, buveur social, dépendance psychologique, dépendance physique etc. C’est compliqué !
Grâce à cet article tu vas pouvoir précisément évaluer ta consommation en utilisant les toutes dernières classifications.
Je vais aussi rapidement t’expliquer pourquoi le mot alcoolique est dépassé. Aujourd’hui on va plutôt parler d’un trouble lié à l’usage de l’alcool ou alors de dépendance, addiction en anglais.
Grâce à cet article tu vas également pouvoir : ou vérifier que tout va bien ou te rendre compte qu’il y a un problème et donc mettre en œuvre, si tu le souhaites évidemment, des actions pour diminuer ou arrêter l’alcool.
Le but de cet article est que tu puisses faire des choix éclairés en conscience et en cohérence avec tes valeurs.
- Le problème derrière le mot alcoolique
- Il ne permet pas de situer sa consommation
- Il véhicule un cliché
- Une catégorisation qui ne nous aide pas
- Un mot abandonné par les professionnels de santé
- Parenthèse sur les risques liés à l’alcool
- Je situe ma consommation
- La CIM 11
- Le non usage (ou abstinence)
- L’usage simple
- Usage à risque
- Usage nocif
- Alcoolodépendance
- Le DSM V
- Un bouleversement des clichés
- Les clichés liés à la dépendance physique
- C’est la dépendance psychologique qui détermine la dépendance
- Pour résumer
Le problème derrière le mot alcoolique
Alors quel est le problème du mot alcoolique ? J’ai mis ce mot en titre parce que c’est ce qui parle le plus à la majorité des gens. C’est un terme qu’on voit souvent dans les médias. La preuve : à chaque interview que je fais, ce terme revient toujours dans les titres.
Je l’utilise aussi pour le titre de cet article parce que c’est ce qui est le plus tapé dans la barre de recherche, tout simplement. Il est possible aussi que dans mes articles vous m’ayez lue me qualifier d’alcoolique. Si j’utilise le mot alcoolique c’est parce que je veux lever le tabou sur ce terme, je veux changer les clichés qu’on a l’habitude d’entendre.
Mais c’est vrai, et on m’a fait la remarque, que le terme « alcoolique » n’est plus vraiment d’actualité. En plus de véhiculer des clichés, il ne permet pas vraiment de situer sa consommation !
Il ne permet pas de situer sa consommation
Alors en réalité la définition du mot alcoolique c’est : « une personne qui boit avec excès et de façon habituelle des boissons alcoolisées. »
- Le mot excès suggère, toute personne qui boit plus que les doses recommandées. C’est-à-dire qui dépasse les recommandations « Pas plus de deux verres par jour et pas tous les jours ! »
- Et le mot habituel est très important aussi, il désigne toute personne qui a l’habitude de boire. On peut très bien avoir l’habitude de ne boire qu’en soirée.
Donc vous voyez que si on prend la définition au mot ça englobe pas mal de monde ! Si vous buvez avec excès et de manière habituelle, vous entrez dans la définition de l’alcoolique. Donc vous voyez que c’est très flou et que ça ne permet pas du tout de se situer, de situer sa consommation.
De plus, le mot alcoolique a été dévié de sa définition initiale. Il est devenu péjoratif et stigmatisant avec le temps. Aujourd’hui il véhicule un cliché, un stéréotype. Stéréotype qui est très bien ancré dans notre société, très bien ancré dans les consciences collectives.
Il véhicule un cliché
Si je vous dis décrivez moi l’alcoolique. Que répondriez vous ?
La plupart des gens imaginent une personne qui boit tous les jours, avec le visage rouge, qui boit dès le matin, qui boit toute seule, qui bois des quantités d’alcool monstrueuses ou même du parfum, du gel hydroalcoolique s’il n’a pas d’alcool à portée de main. Il tremble s’il n’a pas d’alcool. C’est un immodéré. Il n’a pas de travail. Alors je vais vous faire toute une série d’articles sur les clichés liés à l’alcoolique donc je ne vais pas m’étendre dessus aujourd’hui mais vous avez compris l’idée générale.
Ce cliché de l’alcoolique trouve son origine dans les journaux et publicités de l’époque. Cette caricature a ensuite été reprise dans des livres, puis des films, puis à la télé, puis enfin dans nos médias actuels. Tous ces supports destinés au public ont donné à l’alcoolique un visage, une manière d’être, une caricature. Aujourd’hui tout le monde à une image bien précise de l’alcoolique dans sa tête.
On a tous vu des reportages à la télé, on nous a tous pointés du doigt des gens dans notre enfance : ton grand-oncle est alcoolique, ton pote est alcoolique… Voilà à quoi ressemble un alcoolique. Cette personne est perdue, elle est allée trop loin. On la regarde même avec pitié comme s’il était impossible de l’aider.
Cette représentation de l’alcoolique dans la société, ces croyances véhiculées par les médias ont totalement contaminé l’inconscient collectif !
Et logiquement dans l’esprit des gens, toute personne ne faisant pas partie de ce cliché n’est PAS considérée comme alcoolique et n’a carrément pas de problèmes avec l’alcool.
- L’alcoolique boit tous les jours mais moi je ne bois pas tous les jours, je ne bois qu’en soirée donc je ne suis pas alcoolique.
- L’alcoolisme se voit sur le physique, ce n’est pas mon cas, je ne suis pas rouge, mes cheveux sont beaux donc je ne suis pas alcoolique.
- L’alcoolique boit dès le matin de grosses quantités. Moi je bois de grosses quantités mais jamais dès le matin donc je ne suis pas alcoolique.
- L’alcoolique boit seul mais moi je ne bois pas seul donc je ne suis pas alcoolique
- L’alcoolique boit tous les jours de grosses quantités. Moi je bois tous les jours mais je ne bois qu’un verre donc je ne suis pas alcoolique. C’est juste que j’aime bien mon verre le soir.
- L’alcoolique tremble s’il n’a pas d’alcool. Moi je ne tremble pas quand je n’ai pas d’alcool donc je ne suis pas alcoolique.
- L’alcoolique ne peut s’arrêter de boire mais moi je peux m’arrêter quand je veux donc je ne suis pas alcoolique. Pas mal de gens disent ça alors qu’ils n’ont jamais essayé d’arrêter l’alcool.
- L’alcoolique a perdu son travail. Moi je suis opérationnel au travail donc je ne suis pas alcoolique.
C’est logique ! L’alcoolique est comme ça moi je ne suis pas comme ça donc je ne suis pas alcoolique.
Peu importe à qui on demande, les gens tendent à relativiser leur propre rapport à l’alcool. La consommation modérée est représentée d’une manière très subjective. Ça dépend de :
- La représentation que l’on se fait de l’alcoolique
- Ce que l’on juge acceptable ou pas ! Cela dépend de nos valeurs et de notre culture, du pays dans lequel on a grandi.
- Notre propre usage de l’alcool !
Si on demande à des gens de décrire leur consommation, l’immense majorité dira qu’elle boit avec modération ! Sous prétexte qu’elle connaît quelqu’un qui boit plus ! Chacun à son alcoolique de référence dont il peut se différencier de façon rassurante puisqu’il considère consommer moins ou mieux.
Une catégorisation qui ne nous aide pas
Donc si beaucoup de personnes ont un usage non pathologique de l’alcool, beaucoup de personnes sont aussi dans le déni !
On peut se mentir pendant des années, Si on se ment c’est parce qu’on a peur, peur de finir comme le grand-oncle alcoolique. On se dit que si on se considère comme un alcoolique, s’en est fini pour nous. On pense l’alcoolique perdu. On croit à l’adage « Qui a bu boira ». Donc on organise nos beuveries, on se met des limites à ne pas franchir. On s’arrange avec l’alcool. « Pas d’alcool au travail » « Je ne boirais jamais seul » Tant qu’on rentre dans nos limites subjectives c’est bon !
Pour ces personnes et j’en ai fait partie, il semblerait que tant qu’ils ne rentrent pas dans le cliché, il n’y a aucun problème. Il y a ceux qui abusent un peu, qui picolent avec excès mais ça va, ce ne sont pas des alcooliques non plus il ne faut pas abuser ! Et puis « Il faut profiter de sa jeunesse un peu ! » « Boire c’est convivial ! » « On est juste des bons vivants c’est tout, ça ne fait pas de nous des alcooliques »
On oublie bien souvent qu’aucun alcoolique au sens du cliché n’est devenu alcoolique du jour au lendemain. Aucun. Les personnes qui en sont malheureusement arrivées à boire seules, de très grosses quantités dès le matin ont commencé quelque part, elles n’étaient pas dans cet état dès le début. Pour certains, c’est le contexte qui joue évidemment : un événement qui fait plonger dans l’alcool. Mais pour d’autres c’est progressif sur de nombreuses années à force de consommations habituelles ! Comme toi elles ont commencé par boire avec des potes, puis à boire un peu plus en soirée, puis à boire aux repas puis quotidiennement puis dès le matin. Sans s’en rendre compte, l’alcool à envahit leur vie quotidienne.
Cela est dû au fait que l’alcool est une drogue. Et toute drogue exerce une action sur le cerveau. A force de consommation habituelle, l’alcool modifie progressivement ton cerveau sans que tu t’en rendes compte. Tu perds peu à peu le contrôle sur sa consommation et quand tu t’en rends compte il est trop tard : tu es dépendant. Il faut savoir que l’alcool est considéré comme la drogue la plus néfaste dans notre société, comme étant celle qui cause le plus de dégâts. Bien devant l’héroïne, la cocaïne ou le cannabis par exemple. C’est dû au fait qu’elle est très banalisée et très insidieuse. Mais c’est aussi dû au fait que les dommages liés à l’alcool se déclarent beaucoup plus tard que les autres drogues. Donc on ne fait pas le lien entre les deux. Et la dépendance survient souvent bien plus tôt qu’on ne le pense.
Donc pour résumer, le cliché de l’alcoolique, toutes ces images et croyances erronées sur l’alcoolique ne nous aident pas du tout à être objectif face à notre consommation. C’est comme si dans notre société il y avait deux catégories : les alcooliques d’un côté et les non alcooliques de l’autre. Les non alcooliques incluant tous ceux qui ne rentrent pas dans le cliché. Cette catégorisation ne nous aide pas du tout à nous en sortir si jamais on a vraiment besoin d’aide.
Un mot abandonné par les professionnels de santé
Donc aujourd’hui les professionnels de santé ne parlent plus d’alcoolique, d’alcoolisme.
Aujourd’hui on considère qu’il y a un continuum.
Il y a des degrés, des stades plus ou moins sévères par lesquels on passe avant de connaître la forme la plus grave.
Et à chaque stade il y a des risques associés que je vais te décrire.
Parenthèse sur les risques liés à l’alcool
Alors petite parenthèse concernant les risques : il faut savoir qu’il y a généralement un fossé entre le point de vue des scientifiques sur les risques liés à l’alcool, que je vais te décrire aujourd’hui et le vécu subjectif du public. Souvent les scientifiques, les experts ont beau alarmer, la plupart des consommateurs ne perçoivent pas les risques comme dangereux ! Moi c’était mon cas, les recommandations : deux verres par jour et pas tous les jours. Je m’en fichais complètement, ça n’atteignait même pas mon cerveau.
En fait ce n’est pas qu’on est stupide à ne pas prendre en compte ces messages du gouvernement. C’est dû au fait que l’alcool a une fonction positive à la base, pour tout le monde. Ou l’alcool te permet d’obtenir du plaisir, ou il facilite la socialisation ou il te procure un soulagement. Il nous sert à quelque chose. Donc pour beaucoup le coût n’est pas perçu comme élevé par rapport à la satisfaction obtenue par l’alcool. Si l’alcool apporte ce que l’on attend de lui à moindre coût alors la personne ne voit pas l’intérêt de changer son comportement et ne considère pas le risque comme sérieux. Pour elle, il n’y a pas de problème.
Ce degré de perception du risque varie en fonction des personnes évidemment mais surtout en fonction de ce que l’alcool apporte à la personne. C’est seulement lorsqu’il y a échec de ce qu’est censé apporter l’alcool et que le coût devient trop élevé que la personne commence à se poser des questions et parfois il faut de longues années avant de comprendre. Dans le vécu subjectif la dépendance survient au moment où il y a souffrance, incohérence avec les valeurs. Et ça il n’y a que toi qui peux t’en rendre compte. Il n’y a que toi qui peux savoir au fond si l’alcool t’apporte plus de désavantages que d’avantages. Cette dimension subjective n’est pas présente dans les classifications médicales.
Mais ! Ces classifications sont quand même très intéressantes pour fournir de grands repères avant que la souffrance ne surgisse ! Pour ne pas en arriver là, à cette espèce de point de non-retour, de souffrance, il vaut mieux être conscient des risques avant ! Sinon tu risques d’être comme moi, de t’en rendre compte trop tard et de ne plus avoir droit à l’alcool du tout !
Donc le but général de cet article n’est absolument pas de diaboliser l’alcool en parlant des risques. Le but général de cet article est que vous puissiez faire des choix en conscience ! Souvent on n’est pas au courant des risques liés à l’alcool ou alors on ne sait pas que les dommages proviennent de l’alcool par exemple. L’autre but est que vous puissiez faire des choix en cohérence avec vos valeurs. Par exemple, si ta grande valeur est la santé alors tu vas voir que l’alcool t’en dévie pas mal. Boire de l’alcool n’est donc pas du tout un comportement qui te sert.
Donc je vais te parler des risques pour que tu sois au courant et on va voir aussi que les classifications d’aujourd’hui bouleversent pas mal de clichés bien ancrés ! Et que l’alcoolique au sens où on l’entend dans la société ne concerne en réalité qu’une minorité des dépendants à l’alcool. Ça c’est très important de l’entendre.
Donc on va voir ça tout de suite, on passe à la partie Je situe ma consommation.
Je situe ma consommation
Donc comme je vous le disais aujourd’hui on laisse tomber le terme alcoolique. On va parler de dépendance (addiction en anglais) ou de troubles liés à l’usage de l’alcool. Il y a deux classifications qui existent pour situer sa consommation qui sont toutes les deux utilisées par les professionnels de santé donc elles co-existent.
- Il y a la CIM 11 (classification internationale des maladies) qui vient tout juste de sortir en ce début d’année 2022. Cette classification parle d’usage nocif et de dépendance ou autrement appelée alcoolodépendance. Le stade le plus grave étant la dépendance ou autrement appelée alcoolodépendance.
- Et il y a le DSM V (Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux) qui est sorti en 2015. Ce dernier va parler d’un trouble lié à l’usage de l’alcool allant de trouble léger au trouble sévère. Le degré de sévérité le plus grave étant le trouble sévère.
Je trouve que c’est important de vous présenter les deux pour que vous puissiez bien situer votre consommation.
Si tu le souhaites tu peux télécharger la fiche Je situe ma consommation que j’ai créée pour toi. Elle permet de situer sa consommation de manière ludique.
Je vais commencer par vous décrire la CIM 11. Je vais vous décrire les différents stades qui mènent à la dépendance et en parallèle je vais vous parler des risques liés à chaque usage de l’alcool.
La CIM 11
Le non usage (ou abstinence)
Commençons par le non-usage ou autrement appelé abstinence !
L’abstinence est de première intention si tu n’as jamais bu de boissons alcoolisées. Elle est de seconde intention si tu as stoppé toute consommation d’alcool, si tu n’as pas bu une goutte depuis un an. Dans ce stade le risque de dommages liés à l’alcool est évidemment de 0 !
Si tu bois de l’alcool tu es au minimum dans un usage simple.
L’usage simple
Tu fais un usage simple de l’alcool lorsque ta consommation est en dessous des seuils recommandés par l’OMS. Les seuils c’est : « Pas plus de 2 verres par jour et pas tous les jours. Et pas plus de 10 verres par semaine. » Attention il faut respecter les doses d’alcool, par exemple : une pinte de bière est égale à deux verres pas un seul. Je vous ai mis les mesures dans la fiche.
Alors je sais qu’on a tendance à ne pas écouter les messages du gouvernement quand ils passent à la télé. Pourtant ce sont des experts qui ont décidé de ces seuils. Et ils ont été gentils. Ils ont fait un compromis avec le fait qu’on soit en France et le fait que l’abstinence soit mal acceptée. Ils ont pris en compte notre culture. Car s’ils suivaient leurs données, leurs statistiques les recommandations passées à la télé seraient plutôt : « Même un verre d’alcool est mauvais pour votre santé. » « Il n’y a pas de risque 0 à boire un verre d’alcool. » Après voilà par rapport aux autres usages on considère ce risque comme étant acceptable ! Je t’ai parlé de tout ça dans l’article juste en dessous. Va le voir si ça t’intéresse c’est vraiment intéressant.
Donc c’est important de savoir qu’il n’y a pas de risque 0 peu importe ta consommation. Même avec un verre, il y a un risque pour ta santé : notre corps n’est pas fait pour ingérer autant d’alcool. La voie qui élimine l’alcool dans notre corps est conçue pour éliminer l’alcool présent dans les fruits fermentés donc c’est de très, très faibles quantités. Donc avec un verre tu multiplies déjà ton risque de cancers et d’autres maladies. Je t’en ai parlé dans l’article juste en dessous.
De plus, il y a un risque de devenir alcoolodépendant. Comme je te l’ai dit, l’alcool modifie ton cerveau. Cela dépend de ta sensibilité individuelle à l’alcool évidemment mais sache qu’on ne peut pas savoir à l’avance comment ça évoluera. Donc on considère qu’il y a un faible risque pour l’usage simple.
Parce que si jamais tu bois plus que les doses recommandées tu es au minimum dans un usage à risque ! C’est le stade d’après !
Alors attention il est important de préciser une chose. Il faut que tu saches que si tu as une consommation d’alcool inférieure aux seuils recommandés MAIS que tu as consommé ces boissons dans une situation à risque alors c’est également un usage à risque et non un usage simple ! Les situations à risque sont :
- Tu bois tous les jours (même un seul verre) Ton corps à besoin de pauses d’alcool pour ta santé. Et si tu bois tous les jours, ton cerveau va s’habituer et tu risques de développer une alcoolodépendance.
- Autres situations à risque : Si tu as une maladie physique ou psychiatrique, si tu associes l’alcool à des médicaments ou autres drogues, si tu as une faible tolérance à l’alcool, si tu bois vite. On voit que ce sont des variables individuelles mais qui sont à prendre en compte si tu bois de l’alcool.
- Autre situation à risque : si tu es enceinte ou si tu allaites (là c’est mauvais pour ton bébé, je t’expliquerai dans une autre vidéo pourquoi)
- Si on t’a diagnostiqué une alcoolodépendance. Tu risques de rechuter.
- Ou encore si tu as moins de 25 ans et que tu bois régulièrement. Et oui… Si tu as moins de 25 ans ton cerveau n’est pas encore totalement formé, il n’est pas arrivé à maturité ! Par conséquent, il est très sensible à l’alcool ! L’alcool va empêcher des parties de ton cerveau de se développer et peut même détruire certaines parties à peine formées. Il suffit que l’alcool soit bu au moment où ton cerveau développe quelque chose en particulier et cette chose sera atrophiée en quelque sorte. De plus ton cerveau va se former avec l’alcool et il y a de fortes « chances » pour que tu développes une alcoolodépendance dans le futur.
Deux verres ne vont pas avoir d’effet s’ils restent très, très exceptionnels mais ils peuvent devenir dangereux si c’est plus régulier. Plus tu multiplies les occasions plus ce risque devient élevé. Encore une fois ça dépend de ta sensibilité génétique à l’alcool mais si ça devient habituel alors c’est un usage à risque. Les enfants ce n’est même pas la peine d’y penser, si le doigt de champagne, si la part infime d’alcool présente dans la bière sans alcool donnée par les parents atteint le cerveau à un moment crucial de son développement, c’est toute une partie de ce développement qui ne se sera pas faite.
Donc si tu as consommé dans ces situations tu as un usage à risque de base et ce même si tu bois peu.
Usage à risque
Alors là on rentre dans le premier stade du mésusage de l’alcool. C’est la forme la moins sévère du mésusage.
Tu bois plus que les doses recommandées et/ou tu bois dans une situation à risque. Il n’y a pas de symptômes liés à l’alcoolodépendance mais cette consommation est susceptible d’entraîner à plus ou moins long terme des dommages. Au début la consommation est exclusivement positive, il n’y a pas de dommages liés à la consommation. Puis petit à petit un ou plusieurs dommages apparaissent inévitablement.
Donc à ce stade il y a un risque élevé de développer des dommages liés à l’alcool dans le futur !
- Il y a un risque immédiat de subir un accident de voiture, un coma éthylique, de la violence, de mourir d’une chute etc.
- Et il y a aussi un risque différé et cumulatif ! Tu as un risque élevé de développer des problèmes de santé ! A force de boire, la santé physique et mentale se dégrade. L’alcool envahit le corps et le cerveau et provoque des dégâts irréversibles. Et il y a aussi un risque élevé de développer une alcoolodépendance. A partir du stade « usage à risque » l’alcoolodépendance met entre 5 et 20 ans à survenir. Cela dépend encore une fois des vulnérabilités individuelles. Mais tu ne peux pas savoir à l’avance si tu es plus vulnérable qu’un autre.
- Le risque est encore plus élevé si tu consommes dans une situation à risque : si tu as moins de 25 ans ou si tu as une maladie physique ou psychiatrique par exemple. Je t’ai parlé des situations à risque tout à l’heure. Et il est encore plus élevé si tu fais du binge drinking c’est-à-dire boire beaucoup en peu de temps. Quand tu fais ça, l’alcool est comme un tsunami qui déferle sur ton cerveau et qui détruit une grande partie de tes neurones sur son passage. Et ton risque de devenir alcoolodépendant est multiplié par 3.
Tous ces risques deviennent beaucoup plus faibles si tu diminues ta consommation en dessous des recommandations.
Je vous ai mis la liste des dommages induits par l’alcool dans la fiche pour que vous puissiez savoir si vous avez déjà développé des dommages ou si ce n’est pas encore le cas. C’est une liste non exhaustive, sache que la moindre conséquence négative liée à l’alcool dans ta vie est considérée comme un dommage.
Alors attention il est fréquent que ces dommages soient perçus comme ne provenant pas de l’alcool. Par exemple on peut penser faire de l’anxiété, penser que c’est notre personnalité alors que cela vient de l’alcool. On peut penser que l’on a une personnalité violente alors que cette violence exacerbée provient de l’alcool. Ou qu’on est nul à l’école alors qu’en fait on a du mal à se concentrer et à mémoriser à cause de l’alcool. On ne se rend pas compte à quel point l’alcool envahit notre vie !
Et certains dommages sont invisibles. L’évolution vers un problème de santé ne se voit pas ou alors difficilement tout comme l’entrée dans la dépendance. Car tout se joue dans ton cerveau. Pourtant les dommages sont bien là, l’alcool crée des modifications dans ton cerveau te menant à la dépendance et au passage crée des lésions dans ton corps et ton cerveau. Ce n’est pas une option. C’est inévitable et ça se fait progressivement.
Tu remarqueras aussi que l’alcool peut causer des dommages sans qu’il y ait dépendance ! On peut avoir des dommages en ne buvant qu’une seule fois. Tu peux avoir un accident de voiture ivre sans être dépendant, faire un coma éthylique sans dépendance, être irritable et ne pas aller en cours à cause de la gueule de bois sans dépendance. La CIM 11 appelle cela un épisode de consommation nocive d’alcool. Il y a eu des dommages mais la personne n’est pas dans un schéma de consommation nocive. La personne en général ne reproduit pas son erreur. Si elle reproduit son erreur, elle passe dans l’usage nocif.
Quand surviennent les dommages, il y a deux conduites. Soit la personne réduit ou arrête sa consommation et là elle revient dans l’usage simple ou l’abstinence. Soit la personne continue à boire comme avant malgré les dommages et malgré le fait qu’elle sait que ce dommage provient de l’alcool. Dans ce cas, on rentre dans le stade d’usage nocif.
Usage nocif
Nous voilà dans le second stade du mésusage de l’alcool.
L’usage nocif c’est quand tu as développé des dommages liés à l’alcool et que tu continues à boire malgré la connaissance de ces dommages. Il y a un schéma, un mode de consommation qui se répète.
D’après la CIM 11, le schéma est évident si la consommation est continue durant un mois, c’est-à-dire quotidienne ou quasi quotidienne. Mais aussi lorsqu’il y a eu des épisodes de consommation nocive répétées sur 12 mois. Autrement dit si tu alternes des épisodes de consommation nocive avec des périodes d’abstinence c’est quand même un usage nocif. Ça c’est très important de le retenir.
A ce stade un niveau de dépendance faible n’est pas exclu Le fait de continuer à boire alors qu’il y a des dommages est un symptôme de l’alcoolodépendance. Tu n’as pas encore atteint tous les critères de la dépendance mais ça ne saurait tarder. L’usage nocif est un état instable et transitoire. Ton risque de développer une alcoolodépendance au cours des 5 prochaines années est de 50%. Et l’alcoolodépendance est pratiquement impossible à éviter dans les prochaines années. Tu ne peux pas savoir si ce sera dans les 5 ans ou pas, comme d’habitude ça dépend de ta sensibilité génétique individuelle à l’alcool.
Donc si tu ne réduis pas drastiquement ta consommation ou si tu ne changes pas rapidement tes habitudes tu vas développer une dépendance ou autrement appelée alcoolodépendance.
Alcoolodépendance
La dépendance survient si on répète de plus en plus la consommation continue ou des épisodes de consommation nocive. C’est devenu une habitude.
Le diagnostic peut être posé si la consommation d’alcool est continue, c’est-à-dire quotidienne ou quasi quotidienne, pendant au moins 3 mois.
Le diagnostic peut également être posé si les caractéristiques de la dépendance s’observent sur au moins 12 mois dans le cas où tu as une consommation continue depuis moins de 3 mois ou une consommation épisodique nocive c’est-à-dire une alternance consommation nocive et périodes d’abstinence.
Mais alors quelles sont les caractéristiques de la dépendance selon la CIM11 ?
- Elle se caractérise par une forte pulsion interne de consommer de l’alcool, qui se manifeste par une altération de la capacité à contrôler la consommation. Par exemple, tu as des difficultés à t’abstenir de boire dans certaines situations habituelles : apéro, soirée, seul le soir, au travail, alors que tu rentres en voiture etc. Quand tu décides de ne pas boire dans telle ou telle situation, tu n’y parviens pas. Tu constates en fin de journée ou de soirée ou le lendemain le plus souvent que tu as consommé plus d’alcool que ce que tu avais prévu à la base. Pour les fêtards c’est le fameux « juste un verre » qui finit à 4h du mat.
- Tu as une sensation subjective d’envie ou de besoin impérieux de consommer de l’alcool. On parle d’une sensation subjective car elle est très difficile à décrire. Il faut vraiment la vivre pour comprendre. On l’appelle le craving.
Ce craving est très compliqué à décrire mais je vais quand même tenter de te le décrire.
Imagine tu es dans une situation de consommation habituelle, une situation dans laquelle tu as l’habitude de boire. Dans ton cerveau il y a un feu tricolore. Si tu as un cerveau non dépendant, ce feu prend en compte tous les obstacles sur la route.
Il est tout à fait capable dans une situation habituelle de consommation d’être au rouge donc de dire STOP. Je ne bois pas. Il peut aussi être au jaune Va y doucement. Il peut aussi être au vert Ok Go.
Si tu as un cerveau dépendant le feu rouge et le feu jaune n’existe pas ! Il n’y a pas de prise en compte des obstacles sur la route. Dans une situation habituelle donc dans laquelle tu bois d’habitude ton feu est toujours au vert, ton cerveau te dit OK GO TU BOIS. Et il n’y a pas d’autres options.
Le craving peut être perçu comme une envie irrépressible de boire c’est-à-dire que tu ne peux la contenir. Ça peut être perçu comme un besoin. Un besoin de boire pour te détendre le soir, un besoin de boire pour sociabiliser, pour passer une bonne soirée par exemple. Il y a une force qui t’attire vers l’alcool. Sans ça tu ne peux pas. Tu ne peux pas t’empêcher de boire en soirée ou tu ne peux pas t’empêcher de boire ton verre le soir par exemple.
- Une priorité croissante est accordée à la consommation par rapport à d’autres activités. Tu es surmotivé pour faire des activités comportant de l’alcool. Aller se balader ? Faire un musée ? Aller boire un café ? Tout cela te semble moins attrayant que d’aller boire dans un appart ou dans un bar avec des potes. Tu ne peux plus te passer d’alcool lors de tes occasions sociales. Ne pas disposer d’alcool dans ces moments-là t’angoisse ou t’inquiète. Tu abandonnes donc progressivement les activités sans alcool ou les personnes qui ne boivent pas ou peu par exemple. Tu ne restes qu’avec des gens qui boivent comme toi.
- Il y a une persistance de la consommation malgré les dommages ou les conséquences négatives. Ça on l’a vu, je t’en ai parlé tout à l’heure. Tu bois même si tu es au courant des dommages sur ta santé, sur ta vie sociale et professionnelle.
Ces caractéristiques correspondent à la dépendance psychologique. Je parle de dépendance psychologique mais il faut savoir que ça correspond à un mécanisme physique, attention à ne pas s’emmêler les pinceaux. En fait, la dépendance psychologique correspond au mécanisme de la sensibilisation.
Je vous ai parlé de ce mécanisme en détail dans mon article Soirée sans alcool Partie 1 : L’origine du craving si cela vous intéresse.
Ensuite ce n’est pas fini, la CIM précise que les caractéristiques physiologiques de la dépendance peuvent également être présentes. Il y en a deux :
- La première caractéristique c’est la tolérance aux effets de l’alcool : tu as besoin d’une quantité plus importante de la substance pour obtenir l’effet désiré. Autrement dit, il y a une baisse des effets de l’alcool alors que ta consommation est constante.
- La seconde caractéristique c’est les symptômes de sevrage après l’arrêt ou la réduction de la consommation d’alcool. Ou autrement dit la consommation répétée d’alcool ou de substances pharmacologiquement similaires pour prévenir ou atténuer les symptômes de sevrage.
Ces deux caractéristiques correspondent à la dépendance physique. Je vous ai parlé de la tolérance en long en large en travers dans mon article Les conséquences de l’alcool sur le cerveau : alcoolisation chronique et binge drinking. Je vous explique comment cette dépendance physique survient si jamais ça vous intéresse
OK, passons maintenant au DSM V ! Alors là pour l’instant je vous ai parlé de la CIM 11 qui est une approche catégorielle. Il y a un continuum.
Le passage d’un usage simple à une dépendance s’opère le plus souvent de façon progressive MAIS il existe néanmoins des étapes de stabilisation ou des phases de basculement d’un niveau de consommation et de risques à un autre.
Les trajectoires de consommation passent par différentes périodes, depuis l’initiation jusqu’à l’arrêt.
Le DSM 5 lui à une approche plus dimensionnelle, il y a une notion de continuité.
Dans le DSM V il n’y a qu’une seule catégorie : celle de trouble lié à l’usage de l’alcool au sein duquel il y a des degrés de sévérité : de léger à modéré.
Dans le DSM IV (le DSM précédent) on parlait d’abus de substance et de dépendance à une substance.
L’abus étant considéré comme une phase légère ou précoce et la dépendance comme une manifestation plus sévère. Je vous en parle car on entend encore très souvent le terme abus.
Le terme dépendance (addiction en anglais) lui a été remplacé car les auteurs ont jugé qu’il avait une charge sémantique trop forte et qu’il manquait de précision.
Pareil les notions de dépendance psychologique et physique ont été abandonnées car elles portaient à confusion.
Le DSM V
Donc dans le DSM V il y a « trouble lié à l’usage de l’alcool » quand au moins deux des onze critères du trouble se manifestent au cours d’une période de 12 mois. Les critères sont :
Je passe vite sur ces critères mais je reviendrais dessus plus en détails lors de la partie 2, je vous donnerais des exemples issus de ma propre expérience.
Alors ensuite la sévérité du trouble dépend du nombre de critères constatés.
- 2-3 critères c’est un trouble léger.
- 4-5 critères c’est un trouble modéré
- Si tu as 6 critères ou plus, c’est un trouble sévère.
Donc on voit que toute personne qui boit à un degré de sévérité plus ou moins important et donc des risques associés plus ou moins importants.
Cette réalité ne plaît pas à tout le monde car elle englobe beaucoup plus de monde mais c’est beaucoup plus réaliste que les deux catégories présentes dans notre société : ou tu es alcoolique ou tu ne l’es pas.
D’ailleurs j’ai plusieurs remarques intéressantes à faire sur ces deux classifications. On remarque que ces classifications bouleversent pas mal de clichés !
Un bouleversement des clichés
Déjà dans un premier temps ça bouleverse les croyances suivantes : L’alcoolique boit tous les jours, boit dès le matin, tremble dès qu’il n’a pas d’alcool.
Les clichés liés à la dépendance physique
Ces croyances ne viennent pas de nulle part. Elles correspondent aux symptômes de la dépendance physique : la tolérance et les symptômes de sevrage ! Il y a bien sûr des personnes, qui souffrent de beaucoup de stigmatisations d’ailleurs, qui ont une très forte tolérance face à l’alcool et des symptômes de sevrage lorsqu’elles arrêtent. Leur cerveau a constamment besoin d’alcool pour survivre. Donc ces personnes peuvent boire dès le matin par exemple.
Mais cela correspond au degré de sévérité le plus grave de la dépendance physique ! Car cette dernière s’installe progressivement !
Toutes les personnes dépendantes physiquement ne boivent pas dès le matin, ne se jettent pas sur le parfum si elles n’ont pas d’alcool etc. Certaines ne vont boire que le soir en rentrant du travail. D’autres vont boire tous les deux jours et d’autres tous les trois jours. Il y a des degrés de sévérité au niveau de la fréquence de consommation.
Et pareil il y a des degrés de sévérité au niveau de la quantité bue : il faut savoir qu’une personne peut ne boire qu’un seul verre le soir par exemple et être dépendante. Si ça fait des années que la personne boit ce verre, son cerveau s’est habitué à ce verre. Donc si elle n’a pas son verre, elle peut avoir des symptômes de sevrage. Ce fait bouleverse la croyance : l’alcoolique boit de grosses quantités. L’alcoolodépendant peut boire peu, même un seul verre. En fait, la dépendance physique survient dès lors que la consommation est quotidienne ou très régulière.
Donc on voit que le cliché de l’alcoolique ne concerne qu’une minorité des dépendants physiques.
Ensuite il faut savoir que la dépendance physique ne concerne que la moitié des dépendants à l’alcool. C’est un fait. Ça c’est très important de le comprendre. 50% des personnes qui arrêtent l’alcool n’auront pas de symptômes de sevrage ou alors très, très faibles. En fait ce n’est pas que ces personnes n’ont pas de dépendance physique du tout c’est juste qu’elle est encore très faible. Des modifications ont commencé à se produire dans le cerveau mais ne sont pas encore caractéristiques. On est au tout début de la dépendance physique, il n’y a pas de sévérité. Ce n’est que temporaire car la dépendance physique finit toujours par survenir à force de répétition. En fait, ces dépendants arrêtent à temps.
Donc ça bouleverse un gros cliché ! Le cliché comme quoi le dépendant à l’alcool a forcément des symptômes physiques. Dans la CIM 11 il est bien précisé que les caractéristiques physiologiques de la dépendance c’est-à-dire la tolérance et l’effet de sevrage « peuvent être présentes » mais elles ne sont pas obligatoires. Et dans le DSM V deux critères au choix suffisent pour établir un diagnostic de trouble lié à l’usage de l’alcool. Ces critères ne sont pas forcément ceux de la dépendance physique. Donc on voit bien que la dépendance physique n’est pas obligatoire pour poser un diagnostic de dépendance !
Ainsi on se rend compte que le point central de la dépendance n’est pas la dépendance physique comme on l’imagine mais bel et bien la dépendance psychologique ! C’est-à-dire la perte de contrôle qui se manifeste par une envie irrépressible de boire, le craving. C’est le fait de, sans changer ses habitudes, ne pouvoir se retenir de boire alors qu’on l’a décidé ! Je t’en ai parlé tout à l’heure, le feu tricolore est toujours au vert.
C’est la dépendance psychologique qui détermine la dépendance
Cela vient du fait qu’à force de répétition notre cerveau a progressivement associé l’alcool à des situations bien précises. La répétition a progressivement créé des habitudes et l’alcool a en plus endommagé les parties de ton cerveau responsable de ton contrôle. Au tout début de ta carrière de buveur, tu n’étais pas dépendant. Tu pouvais te retenir de boire sans problème. Mais à force de répéter la consommation d’alcool dans certaines situations tu as créé des habitudes. Tu as commencé à être dépendant psychologiquement seulement dans certaines situations : en soirée, le soir après être rentré du travail, seulement en famille. Puis progressivement tu as commencé à boire dans plusieurs autres situations jusqu’à ce que l’alcool se retrouve dans chaque situation de ta vie quotidienne.
Ça a été progressif. Situation après situation. Donc on voit qu’encore une fois il y a des degrés de sévérité au niveau de la dépendance psychologique. Cela va de dépendant à une situation jusqu’à l’entièreté de ta vie quotidienne.
Et ça, ça bouleverse la croyance : l’alcoolique boit tous les jours. Beaucoup de personnes pensent que si on a des périodes d’abstinence entre les prises d’alcool on n’est pas dépendant. Si on ne boit pas tous les jours, on n’est pas dépendant. Mais c’est faux. On peut être dépendant psychologiquement à certaines situations seulement et donc ne pas avoir besoin de boire tous les jours et on peut être dépendant physiquement et ne boire que tous les 3 jours. La CIM 11 le précise bien : il existe en effet des consommations continues c’est-à-dire quotidienne ou quasi quotidienne mais il existe aussi des consommations épisodiques, c’est-à-dire une alternance prise d’alcool et période d’abstinence.
Donc ce n’est pas la fréquence, ni la quantité bue qui détermine la dépendance. Ce qui détermine la dépendance c’est bel et bien la perte de contrôle, le craving. Donc dès qu’il y a habitude il y a possiblement dépendance. Si tu es habitué à boire en soirée, à boire ton verre le soir, à boire en famille. S’il n’y a jamais de moment où tu ne bois pas dans ces situations il y a probablement dépendance. Et s’il n’y a pas encore dépendance, cette dernière ne tardera pas à survenir si tu continues à boire, encore et toujours, dans ces situations.
Pour résumer
Donc pour résumer et là c’est ma propre classification des choses, c’est moi qui le résume comme ça dans ma tête en fonction de ce que j’observe autour de moi. J’aurais plutôt fait un cercle.
Il y a les dépendants psychologiques. Au sein des dépendants psychologiques il y a différents degrés de sévérité.
Au début on est dépendant dans une situation, puis deux, puis trois etc.
Puis on a les dépendants psychologiques qui ont en plus une dépendance physique forte c’est-à-dire qui se perçoit.
Encore au sein des dépendants physiques il y a différents degrés de sévérité jusqu’au plus grave.
La personne à besoin de boire régulièrement pour pallier le manque tous les trois jours puis tous les deux jours puis quotidiennement.
Puis elle en arrive au degré le plus grave : la personne boit dès le matin et à des symptômes de sevrage très graves dès qu’elle ne boit plus.
C’est le degré qui correspondrait le plus au cliché de l’alcoolique si on enlève ÉVIDEMMENT les préjugés moraux et sociétaux qu’on met sur ces personnes.
La dépendance psychologique et la dépendance physique se développent en parallèle de manière progressive puisqu’il s’agit de modifications sur le cerveau.
Mais en général la dépendance physique se perçoit plus tard que la dépendance physique.
Les cercles peuvent être plus grands ou plus petits selon la personne. La dépendance physique peut se déclarer très tard au bout de 20 ans ou alors se déclarer dès le début de la consommation en même temps que la dépendance psychologique. Cela dépend de la vulnérabilité individuelle. On ne peut pas savoir à l’avance à quel moment on va devenir dépendant psychologiquement puis dépendant physiquement.
Ce qui est sûr c’est que si on ne change rien à notre consommation et à nos habitudes, on va inévitablement vers le centre du cercle.
Personnellement je pense qu’il faut se poser des questions dès qu’on rencontre des difficultés à s’empêcher de boire dans une seule situation. Si on voit qu’il y a une situation où on a des difficultés à ne pas boire alors il faut faire quelque chose.
Alors justement dans un prochain article (la partie 2 de la série Je suis alcoolique ?), je vais parler des différentes solutions qui s’offrent à vous. Suivant le stade dans lequel on se situe, il y a différentes choses que l’on peut faire. Est-ce que je peux diminuer ou est-ce qu’il faut que j’arrête totalement ? Je vais partiellement répondre à cette question.
Je vais aussi vous parler de mon histoire avec l’alcool en utilisant la fiche que je vous ai donnée. Je voulais le faire dans cet article au fur et à mesure mais l’article serait trop long. Je pense que c’est bien de donner une version un peu plus vivante de ces classifications, pour sortir un peu de la théorie. Et ça va me permettre de questionner encore quelques clichés.