On a tous déjà entendu ce message du gouvernement : « L’alcool, c'est deux verres par jour et pas tous les jours » ou « A consommer avec modération »
Mais t’es tu déjà demandé ce que cela veut dire ? Quelle est la consommation d’alcool recommandée ? Quelle quantité ? Et à quelle fréquence ? Quels sont les risques encourus ?
Si oui alors tu es au bon endroit ! Si non, alors lis quand même l’article, c’est l’occasion de questionner ta consommation d’alcool.
Unité de mesure : les doses bars
Dans la consommation d'alcool recommandée, un verre standard est égal à 10gr d’alcool pur. Ce sont les doses recommandées, on appelle ça la dose bar. Normalement c’est la dose que les bars sont censés te servir.
Dans chaque verre ci-dessus, tu as la même quantité d’alcool pur, même si ce sont des boissons alcoolisées différentes ! Quand tu prends 3cl de whisky c’est comme si tu buvais un demi de bière. La quantité d'alcool pur est la même. Donc les effets sont les mêmes.
Le problème vient du fait qu'on dépasse très souvent la quantité du verre standard. Suivant la quantité servie à la maison ou chez des amis, on peut vite se retrouver avec une quantité de deux verres standards dans un seul verre. Même dans les bars, tu penses boire un seul verre quand tu prends une pinte de bière... Mais en réalité ta pinte contient deux doses bar même si elle est servie dans un seul verre physique. Si tu prends un deuxième verre, tu dépasses les recommandations qui sont de deux verres par jour. Donc il est possible qu’au lieu de boire dix verres par semaine, tu en boives plutôt une vingtaine.
Quelle est la consommation d’alcool recommandée ?
Depuis les années 90, ce sont les repères de l’organisation mondiale de la santé (OMS) qui primaient. Seulement ces recommandations ont été remises en question par la communauté scientifique. En effet le risque de cancers présentait une relation linéaire positive avec la consommation d’alcool. C’est-à-dire que ces deux variables augmentaient et diminuaient en même temps. En 2016, Santé publique France ainsi que l’Institut National du Cancer ont été mandatés par une saisine pour travailler sur la question des repères de consommation. A cette fin, ces institutions ont réuni un groupe d’experts, qui a délivré, en 2017 de nouveaux repères de consommation.
Avant de te parler de ces nouvelles recommandations, je voudrais quand même t’exposer les repères de l’OMS. Etant donné qu’ils ont été changés récemment il est possible que dans tes croyances, tu tiennes compte des anciennes références.
Consommation d'alcool recommandée OMS
La consommation d’alcool recommandée est :
- Pas plus de 3 verres par jour en moyenne pour les hommes (donc 30gr d’alcool pur par jour.) Par conséquent pas plus de 21 verres par semaine.
- Pas plus de 2 verres par jour en moyenne pour les femmes (donc 20gr d’alcool par jour). Par conséquent pas plus de 14 verres par semaine.
- 4 verres pas plus lors d’occasions spéciales.
- S’abstenir de toute consommation d’alcool un jour par semaine.
Donc si tu as pour habitude de boire beaucoup, comme je le faisais, j’imagine que ces repères te paraissent déjà très bas, notamment pour le nombre de verres. Mais attends de voir les nouveaux repères.
Consommation d'alcool recommandée Santé publique France
Comme je te l’ai expliqué précédemment, de nouveaux repères de consommation sont sortis en 2017. Et sans surprise ceux-ci ont été abaissés !
Pour limiter les risques pour ta santé au cours de ta vie, il est recommandé de :
- Ne pas consommer plus de 10 verres standards par semaine
- Et pas plus de 2 verres standards par jour
- Avoir des jours dans la semaine sans consommation.
Le nombre de verres par semaine a considérablement baissé et la limite a été fixée à deux verres standards par jour, pas plus. Alors qu’avant il était recommandé de s’abstenir un jour par semaine, il est maintenant recommandé de s’abstenir plusieurs jours par semaine.
Ce sont de simples repères qui doivent être abaissés lorsque de manière individuelle :
- Tu bois vite
- Tu l’associes à des médicaments ou autres drogues
- Si tu as une maladie physique ou psychiatrique
- Si tu as une faible tolérance à l’alcool.
- Cela va dépendre de ton âge, de ton poids, de ce que tu as mangé, ce que tu as bu, des toxines que ton corps est déjà en train d’éliminer, etc.
Ils précisent que pour les femmes qui envisagent une grossesse, qui sont enceintes ou qui allaitent, pour les jeunes et les adolescents, en cas de conduite automobile, de manipulation d’outils ou de machines ; l’option la plus sûre pour limiter les risques est de boire zéro goutte d'alcool.
Pourquoi de nouveaux repères ?
Le comité d’expert chargé de ces nouvelles recommandations a constaté qu'à long terme, la consommation d’alcool est une cause de morbidité et de mortalité pour certaines maladies chroniques comme la cirrhose, certains cancers comme ceux des voies aérodigestives, du foie et du sein et certaines maladies cardiovasculaires, comme l'hypertension artérielle (HTA) et l'accident vasculaire cérébral (AVC). C’est une des premières causes de mortalité évitable avec 41000 décès attribuables par an.
A court terme, la consommation d'alcool est responsable de traumatismes intentionnels et non intentionnels, notamment des accidents pouvant causer des blessures (et la mort dans certains cas), la mauvaise évaluation des situations à risque et la perte du contrôle de soi.
Ces repères ne sont pas là pour nous embêter ! Ils sont là parce qu'à cause de l’alcool, des personnes meurent de ces différentes manières TOUS LES JOURS ou se retrouvent avec de sérieuses lésions et traumatismes qui les suivront toute leur vie. C’est comme les limitations de vitesse sur la route… Même si tu penses que l’état abuse et qu’on a plus le droit à rien, mettre 50 par exemple dans une ville permet de sauver des vies, de sauver des piétons. Et encore ce n’est pas sûr ! Il n’y a pas 0 risque.
Il n’y a pas 0 risque
24% des Français dépassent les repères de consommations d’alcool. Un quart des Français de 18 à 75 ans dépasse au moins l’un des trois repères.
En général, les jeunes consomment plus intensément, ils sont plus adeptes des beuveries express (ou binge drinking.) Les plus âgés consomment plus régulièrement, ils sont plus adeptes du « Un verre tous les jours ». Dans les deux cas, il y a un risque pour la santé !
Quand tu fais du binge drinking, c’est-à-dire que tu bois de grandes quantités d’alcool en peu de temps, ton corps et surtout ton cerveau en prennent un coup. Même si ces beuveries sont espacées dans le mois ou la semaine. Ton cerveau est submergé par une vague d’alcool auquel il n’était pas préparé. C’est pire que de boire un verre tous les jours.
Mais cela ne veut pas dire que boire de l’alcool tous les jours est bon ! Dans tous les cas, l’alcool est un produit toxique, c’est un poison.
De fausses croyances
A l’époque, l’industrie de l’alcool, avait repris les repères de l’OMS. On pouvait lire dans les publicités qu'il n’y avait pas à s’inquiéter tant que tu restais dans les repères.
Cela a fait naître par mal de croyances dans la population. Cela a fait croire que l’alcool n’est pas mauvais s’il est modéré par exemple. Or c’est faux, l’alcool comporte des risques même en buvant un seul verre par jour !
L’OMS a donc réagi et a précisé que ces repères n’enlèvent pas le risque de devenir dépendant et de détériorer la santé.
En effet ces seuils n’enlèvent pas tout risque ! Et c’est la même chose pour les nouveaux repères ! Même une consommation modérée respectant ces seuils peut être un facteur de cancers des voies aérodigestives supérieures, du côlon rectum, du foie et du sein. Et il reste une influence sur les comportements et le système nerveux.
Avant de vouloir arrêter de boire j’ai cherché sur tous sites possibles et imaginables un article qui me confirmerait que l’alcool n’est pas si mauvais que ça pour la santé. Mais je n’ai jamais trouvé. Je suis désolée de te dire ça, mais il y a risque qu’importe ta consommation d’alcool. Même si tu ne bois qu’un seul verre tous les jours. Et même si c’est du vin rouge. Croire que le vin rouge à des effets cardio protecteurs est une fausse croyance malheureusement proclamée par de nombreux articles.
Un compromis a été trouvé
Pour décider des recommandations, le comité expert a dû prendre en compte les croyances et niveaux de consommation de la population générale. Les connaissances et les croyances relatives à la santé et aux maladies sont construites principalement par des expériences personnelles subjectives, des observations au sein de la famille, des réseaux sociaux, des médias, etc.
Par exemple, ma famille boit beaucoup d’alcool. C’est donc normal dans ma famille de boire plusieurs verres en une soirée et de finir complètement torché. Par conséquent, j’ai appris qu’il n’y a pas de mal à boire plus de deux verres en soirée. Autre exemple, aux célébrations il est d’usage de porter un toast, je vais donc boire à ce moment-là. Encore un autre exemple, j'habite en France, le vin est donc très présent au cours des repas, j'en bois donc plus souvent que si j'étais américaine.
On appelle ça l’épidémiologie profane. C’est la place de l’alcool dans notre société, dans notre culture.
L’épidémiologie c’est l’étude des rapports entre les maladies et les facteurs susceptibles d'exercer une influence sur leur fréquence, leur distribution, leur évolution. Donc dans notre cas, c'est l'étude du rapport entre les maladies et l'alcool.
L’épidémiologie scientifique, la médecine, elle, dit que pour ne prendre aucun risque il vaut mieux ne pas consommer d’alcool du tout.
Mais boire zéro goutte d’alcool ne correspond pas à notre culture. Il n’est pas possible de viser le risque zéro qui serait perçu comme une prise de position inadaptée pour la société.
Il a donc fallu trouver un compromis. Le but est de trouver un juste équilibre entre épidémiologie profane et épidémiologie scientifique avec un risque considéré comme acceptable individuellement et socialement.
Quel est le risque ?
Les experts ont donc étudié la question. Ils ont étudié le niveau de risque de mourir de ta consommation d’alcool au cours de ta vie par rapport à ce que tu bois.
Comment lire cette image ? Si tu es un homme par exemple tu as une chance sur 1000 au cours de ta vie de mourir de ta consommation d’alcool si tu bois 9g d’alcool par jour et 6 verres par semaine en tout. Cela fait donc un peu moins d’un verre standard par jour. Et en faisant une pause de deux jours par semaine. Et tu as une chance sur 100 de mourir de ta consommation d’alcool au cours de ta vie si tu bois 27 grammes d’alcool par jour et 19 verres par semaine en tout. C’est-à-dire un peu moins de 3 verres standards par jour en faisant une pause d’un jour par semaine.
La décision du groupe d’experts a donc été de fixer un repère intermédiaire entre les risques de 1/1000 et 1/100 : 10 verres standards par semaine (soit 14 gr/jour d’alcool). Ces repères acceptent donc un risque qui peut être accepté pour notre culture.
Conclusion
Donc retiens bien la consommation d’alcool recommandée : L’alcool c’est deux verres par jour et pas tous les jours. Ces repères peuvent sembler extrêmement bas pour des personnes qui consomment de l’alcool excessivement. Quand on est dépendant il est très difficile voire impossible de se tenir à deux verres standards. C’est pourquoi de nombreuses personnes préfèrent arrêter totalement l’alcool. Alors, vaut-il mieux diminuer ou arrêter totalement ? La réponse dans un prochain article.