Quelle est la conséquence de l'alcool sur le cerveau ? Pourquoi suis-je dépendant ? L'alcool cause-t-il des dégâts à mon cerveau ?
Si tu te poses ces questions alors cet article est fait pour toi ! À la fin de cet article tu sauras comment l'alcool te rend dépendant. Et tu connaîtras les diverses lésions cérébrales causées par l’alcoolisation chronique.
Tu connaîtras aussi les lésions cérébrales causées par le binge drinking ! Il faut que tu saches que les séquelles cérébrales du binge drinking (qui est une consommation occasionnelle) sont quasiment les mêmes que pour l’alcoolisation chronique !
Si tu veux arrêter l'alcool ou maintenir ta sobriété, il est très important de savoir tout ça ! Personnellement à chaque fois que j’ai envie de reprendre un verre, j’imagine mes neurones qui se détruisent et je te jure que ça me passe toute envie ! Ce que je vais te raconter là n’est pas très réjouissant. Mais lis bien cet article jusqu’à la fin parce que j’ai des conseils très importants à te donner si tu veux arrêter ou si tu as arrêté l’alcool !
Cet article est la suite d'un précédent article :
Je te conseille vraiment d'aller le lire avant, tu comprendras mieux les notions abordées.
- L'alcoolisation chronique
- Installation d'une dépendance
- Conséquence de l'alcool sur le cerveau : dépendance psychologique
- Conséquence de l'alcool sur le cerveau : dépendance physique
- Le problème derrière le fait d'être heureux de tenir l'alcool
- Les dégâts cérébraux dus à l'alcoolisation chronique et au binge drinking
- Conséquence de l'alcool sur le cerveau : Perte de neurones
- Conséquence de l'alcool sur le cerveau : le cervelet
- Conséquence de l'alcool sur le cerveau : le cortex préfrontal
- Conséquence de l'alcool sur le cerveau : l'hippocampe
- Conséquence de l'alcool sur le cerveau : un déclin cognitif et émotionnel progressif
- La démence alcoolique
- Mon expérience personnelle
- La plasticité neuronale
- Conseils
- Conseil 1#
- Conseil 2#
L'alcoolisation chronique
Donc qu’est-ce que l’alcoolisation chronique ?
Déjà petit rappel de ce qu’est l’alcoolisation aiguë.
Il y a deux types d’alcoolisations aiguës : la consommation excessive ou le Binge Drinking.
On parle d’alcoolisation aiguë lorsque tu bois plus de deux verres standards par occasion et que ces occasions sont espacées dans le temps.
L’alcoolisation chronique, ce sont des alcoolisations aiguës qui sont répétées. Elles ne sont plus espacées dans le temps !
L’alcoolisme chronique s’installe doucement.
En fait les occasions de boire se multiplient petit à petit. Si avant tu ne buvais qu’aux événements exceptionnels (anniversaires, mariages…)
Maintenant tu bois un peu plus, tu bois à chaque repas de famille. Et il est possible que dans l’avenir tu te mettes à boire à chaque repas.
Autre exemple : avant tu restais avec des gens qui faisaient la fête une fois par mois, donc tu buvais beaucoup une fois par mois. Maintenant que tu restes avec des gens qui font la fête plusieurs fois par semaine, tu vas boire plusieurs fois par semaine.
Les occasions de boire se multiplient et que la consommation devient petit à petit systématique. À chaque occasion de boire, tu bois. La consommation n’est plus du tout exceptionnelle ! Et elle devient même indissociable de tes moments de ta vie. Quand ces occasions sont répétées plusieurs fois par semaine ou se produisent tous les jours alors c’est de l’alcoolisme chronique ! L’alcoolisation chronique c’est aussi l’installation d’une dépendance
Installation d'une dépendance
Comme je te l'ai expliqué dans l'article sur l'alcoolisation aiguë : l’alcool est une drogue ! Par conséquent si tu bois régulièrement de manière excessive ou que tu fais du binge drinking il y a de très grandes « chances » pour que tu développes une dépendance. C’est quasiment impossible d’y échapper.
Être dépendant c’est quand limiter sa consommation devient impossible.
Il y a une perte de contrôle, tu ne peux pas t’empêcher de boire.
On peut distinguer deux formes de dépendance :
- La dépendance psychologique : C’est le craving. On peut traduire ça par un désir intense en français. C’est un désir incontrôlable de consommer. Tu consommes malgré le fait que tu sais que cette consommation est mauvaise pour toi. Cette forme de dépendance est visible très tôt.
- La dépendance physique : C’est le développement d’une tolérance, d’un état de manque. Lorsque tu arrêtes de boire tu ressens des symptômes de sevrage. Cette dépendance se développe progressivement. Elle n’est pas visible tout de suite.
Conséquence de l'alcool sur le cerveau : dépendance psychologique
Dans l'article sur l'alcoolisation aiguë, je t’ai parlé du circuit de la récompense ou encore circuit de la motivation.
Petit rappel : Ce circuit est le circuit neuronal qui nous permet de répondre de telle ou telle manière en fonction du besoin immédiat. Pour cela il choisit dans notre bibliothèque de comportements celui qui sera le plus adéquat possible.
Par exemple manger quand on a faim.
Pour te faire réaliser ce comportement, l’évolution à trouver un super moyen, elle a associé au comportement utile et indispensable une sensation de plaisir.
Cette sensation de plaisir n’est autre que la dopamine : le neurotransmetteur du plaisir.
Le comportement satisfaisant va se graver dans ta mémoire par des décharges de dopamine, des décharges de plaisir qui vont signer la pertinence du comportement.
Seulement voilà, je t’avais expliqué que l’alcool comme toutes les autres drogues court-circuite le circuit de la récompense.
Il multiplie la dopamine par 200 !
À force de consommations, ton cerveau va inscrire profondément dans ta mémoire que la consommation d’alcool est extrêmement utile, positive et indispensable.
Tu vas être extrêmement motivé à répéter le comportement.
Au bout d’un certain temps le plaisir est tel qu’il vient supplémenter les autres besoins ! L’alcool va prendre la place de tes récompenses naturelles telles que manger, avoir une activité sexuelle ou même avoir des interactions sociales ! Tu es de moins en moins motivé à réaliser des actions qui ne concernent pas l’alcool.
Par exemple : A choisir tu vas plutôt aller dans un bar plutôt que voir tes enfants, aller voir tes copains de beuverie plutôt que des amis qui boivent peu, aller en soirée plutôt qu’aller à la salle de sport. Ces activités vont devenir secondaires par rapport à l’alcool.
De plus, il faut savoir que notre cerveau anticipe le plaisir, il libère donc de la dopamine avant et pendant l’expérience de plaisir. Que ce soit pour un gâteau au chocolat ou pour de l’alcool, Il y a sécrétion de dopamine lorsque tu sais que tu vas consommer et lorsque tu consommes.
C’est de là que vient le craving : ce désir incontrôlable de consommer qui finit par te faire perdre le contrôle ! Tu consommes malgré les conséquences néfastes sur ta vie, ta famille, ta santé ! Tu es dépendant psychologiquement ! Je pense que tu connais cette sensation de craving et encore plus si tu as déjà essayé d’arrêter, il y a une force invisible qui t’entraîne à la consommation, c’est bien plus fort que toi !
Voyons maintenant la dépendance physique.
Conséquence de l'alcool sur le cerveau : dépendance physique
Dans la première vidéo sur les effets de l’alcool sur le cerveau je t’ai expliqué que : normalement les niveaux de GABA et de glutamate sont à l’équilibre.
Ça permet le bon fonctionnement du cerveau.
Mais l’alcool provoque une hausse de GABA et une baisse de glutamate lorsque tu as une alcoolisation aiguë.
L’alcool rompt cet équilibre entre le GABA et le glutamate.
C’est ce qui nous fait ressentir les effets positifs de l’alcool : la détente, la relaxation par exemple.
Mais aussi les autres effets tels que la désinhibition, la démarche titubante, etc.
Le problème quand tu bois de manière excessive et répétée, c’est que ton cerveau va produire des neuro-adaptations.
Le cerveau s’adapte, se défend face à l’exposition prolongée de l’alcool.
Ces neuro-adaptations vont rester permanentes.
À force d’être exposé à l’alcool, le cerveau va affaiblir, désensibiliser les récepteurs de GABA et donc, par conséquent, réduire la transmission de GABA.
En même temps le cerveau va hypersensibiliser les récepteurs de glutamate et donc renforcer sa transmission.
Cet affaiblissement du GABA et ce renforcement du GLUTAMATE se font très progressivement.
Sur des semaines, des mois et des années.
Donc au fur et à mesure les niveaux de GABA sont de plus en plus bas. Et les niveaux de glutamate de plus en plus hauts.
Tu vas donc devoir boire beaucoup plus pour augmenter le GABA et baisser le glutamate.
Et ainsi ressentir à nouveau les effets positifs de l’alcool ! On appelle cela la tolérance, l’accoutumance.
Donc déjà il y a un premier problème c’est que tu bois de plus en plus ! Ce qui est très mauvais pour ta santé.
Et en plus de cela, quand l’alcool s’estompe, tu te retrouves avec un très bas niveau de GABA. Car la transmission de GABA est affaiblie.
Et un très haut niveau de glutamate. Car la transmission de glutamate est renforcée.
Ces niveaux ne reviennent pas facilement à la normale comme dans l’alcoolisation aiguë.
Pour qu’ils reviennent à la normale il faut arrêter totalement l’alcool.
On appelle cela le sevrage.
Et il faut patienter plusieurs semaines à plusieurs mois selon la consommation. Le temps que le cerveau reparte à l’équilibre de départ.
Ce faible niveau de GABA et ce fort niveau de GLUTAMATE sont responsables des symptômes de sevrage.
Donc en fait au fur et à mesure ton cerveau a mis en place un nouvel équilibre !
Les niveaux de GABA et GLUTAMATE reviennent à l’équilibre seulement en présence d’alcool.
L’état d’intoxication par l’alcool devient progressivement l’état normal, qui permet le bon fonctionnement du cerveau.
L’état non intoxiqué par l’alcool est vécu comme un état désagréable.
Car tu as des symptômes de sevrage plus ou moins importants selon ta consommation.
Les symptômes de sevrage vont du stress, de l’anxiété, de l’irritabilité au delirium tremens.
Ces symptômes augmentent en gravité en fonction de ta consommation.
Donc à ce stade tu ne bois plus par plaisir. Tu bois pour ne pas ressentir de symptômes de sevrage !
Tu as besoin de l’alcool pour te sentir mieux.
Le problème derrière le fait d'être heureux de tenir l'alcool
Alors j’aimerais préciser quelque chose ! Cette précision s’adresse aux personnes (peut-être tu en fais partie, moi en tant cas j’en faisais partie) qui sont heureuses de « tenir l’alcool ».
Alors certes il y a des différences individuelles dans le fait de tenir l’alcool ou non. Mais si tu vois une évolution de ta tolérance à l’alcool, si tu vois que tu tiens plus et bien sache que ça craint.
Ton cerveau est juste en train de s’adapter progressivement à la présence de l’alcool. En fait tu te rapproches juste de l’alcoolisation chronique, de la dépendance.
Et c’est important que tu saches (car certains ne sont pas au courant) que ce n’est pas parce que tu tiens mieux l’alcool que tu as moins de dégâts sur ton corps ! Au contraire, tu as moins conscience des effets de l’alcool sur toi donc tu bois beaucoup plus donc tu as plus de dégâts !
Et à l’inverse, si tu ne tiens pas l’alcool quand tu bois un ou deux verres, sache que c’est une très bonne nouvelle. Vois-le comme un signal d’alarme. Ton corps n’est pas encore habitué, il ne s’est pas encore adapté à l’alcool et c’est tant mieux ! J’ai entendu souvent des gens dire par exemple « Je ne tiens pas l’alcool, ça craint ». Ou encore « C’est normal si je ne tiens pas, je n’ai plus l’habitude de boire ». À ces personnes j’ai envie de leur crier un grand TANT MIEUX ! Ne t’habitue surtout pas !
Les dégâts cérébraux dus à l'alcoolisation chronique et au binge drinking
Bien voyons maintenant les dégâts de l’alcoolisation chronique sur ton cerveau. Je vais aussi te parler en même temps des dégâts du binge drinking.
Petit rappel de l'article précédent :
Le binge drinking est une alcoolisation aiguë c’est-à-dire qu’elle est exceptionnelle. Si elle est répétée de plus en plus cette consommation devient une consommation chronique.
Le binge drinking c’est quand tu bois :
- 4 verres standards pour une femme
- 5 verres standards pour un homme
- En l’espace de 2H.
De manière générale ce sont surtout les jeunes qui ont ce genre de consommation. Là où les plus vieux boivent moins en quantité mais plus régulièrement.
J’ai abordé cette consommation dans l'article sur l'alcoolisation aiguë. Mais je me suis dit que j’allais t’en reparler ! Parce que les dégâts cérébraux du binge drinking sont quasiment les mêmes que les dégâts cérébraux de l’alcoolisation chronique ! Donc que quelqu’un qui a bu beaucoup pendant des années.
Donc voyons ces dégâts. Alors je ne vais pas te donner tous les troubles liés à l’alcoolisation chronique et au binge drinking. Il y en a beaucoup trop. Je vais te parler des plus fréquents mais tu vas voir que c’est déjà pas mal ! Ces consommations d’alcool vont avoir de nombreux effets toxiques sur ton cerveau.
Conséquence de l'alcool sur le cerveau : Perte de neurones
Déjà dans un premier temps, il faut que tu saches que le métabolisme de l’alcool (c’est-à-dire sa transformation pour qu’il soit éliminé) est encore plus toxique que l’alcool lui même !
L’alcool est transformé en acétaldéhyde.
L'acétaldéhyde est une substance encore plus toxique pour ton corps et ton cerveau que l’alcool lui-même !
De plus il existe un stress oxydatif.
J’ai écrit un article sur le sujet si cela t'intéresse :
Ces facteurs oxydants et l’acétaldéhyde provoquent la mort cellulaire.
Et ce à chaque consommation aiguë !
Mais ce n’est pas tout !
Je t’ai expliqué précédemment que l’arrêt de l’alcool provoque un excès de glutamate.
Lors du sevrage le glutamate n’est plus compensé par la hausse de GABA dû à l’alcool.
Cet excès de glutamate est extrêmement toxique pour le cerveau !
Il entraîne une destruction de tes neurones.
Plus ta consommation d’alcool est forte plus la perte de neurones sera élevée lors des sevrages.
Donc la première chose à savoir est qu’il y a une perte de tissu cérébral, une perte de neurones !
Le volume du cerveau rétrécit quand on consomme de l’alcool avec excès pendant des années. Quand on a une alcoolisation chronique ! Le volume du cerveau peut ainsi diminuer : de 10 à 15% chez les très gros buveurs après 10 à 15 ans. C’est assez énorme et effrayant je trouve.
Mais une chose est encore plus effrayante ! Le volume du cerveau diminue aussi chez ceux qui font du binge drinking.
Le binge drinking je le rappelle est une consommation exceptionnelle. Tu bois énormément et vite en une soirée mais seulement une fois par semaine par exemple.
On pourrait penser que cette consommation n’est pas très grave étant donné qu’elle est peu fréquente. En réalité elle est pire !
Quand tu es alcoolique chronique, tu as développé une tolérance sur le long terme. Tu as bu pendant des années et tu as peu à peu augmenté les doses pour continuer à ressentir les effets. Donc ton cerveau s’est habitué petit à petit à une plus grande consommation d’alcool.
Le problème du binge drinking c’est que ton cerveau il n’est pas du tout préparé à une grosse quantité d’alcool ! Donc c’est comme si un tsunami d’alcool déferlait sur ton cerveau et défonçait tous tes neurones sur son passage. En fait le cycle ivresse / abstinence est encore plus néfaste pour ton cerveau ! D’autant plus si tu as moins de 25 ans. Avant 25 ans ton cerveau est en pleine construction, il est hypersensible aux substances toxiques ! Donc cette consommation à des effets beaucoup plus néfastes qu’à l’âge adulte. Elle provoque d’importantes pertes neuronales et empêche la formation de nouveaux neurones. Tu vas donc te lancer dans ta vie d’adulte avec un cerveau atrophié.
Donc que tu sois alcoolique chronique ou que tu fasses du binge drinking tu subis une perte de tissu cérébral ! Cette perte de tissu cérébral touche particulièrement :
Conséquence de l'alcool sur le cerveau : le cervelet
Le cervelet se trouve à la base du crâne, sous le cerveau.
La consommation excessive d'alcool provoque une atrophie du cervelet.
Ce dernier joue un rôle dans la capacité de bouger.
C’est-à-dire dans la motricité, dans la coordination des mouvements mais aussi dans l’attention et le langage.
À cause de l’alcool le cervelet n’est plus capable de remplir sa fonction correctement.
La personne à une démarche irrégulière et saccadée et à des difficultés à marcher en ligne droite. Son équilibre diminue beaucoup.
Elle a une perte de réflexes et une diminution de l’attention ainsi que des difficultés d’élocution.
Conséquence de l'alcool sur le cerveau : le cortex préfrontal
Autre zone touchée : ton cortex préfrontal.
Le cortex préfrontal est la partie frontale de ton cerveau.
Les dommages causés par l’alcoolisation chronique ou le binge drinking au cortex frontal entraînent plusieurs choses.
Le cortex préfrontal est responsable de la maîtrise de soi et de la maîtrise des émotions. Les dommages causés au cortex préfrontal entraînent une moins bonne maîtrise de soi et de ses émotions et donc une forte impulsivité ou agressivité. Cela est associé à une moins bonne évaluation des situations et une désinhibition due à l’alcool. Ce moins bon contrôle des émotions peut causer de graves problèmes dans la sphère familiale et sociale. D’autres émotions négatives telles que l’anxiété par exemple submergent plus facilement la personne qui boit beaucoup.
Le cortex préfrontal est un frein naturel, c’est lui qui prend la décision de faire ou non une action en prenant en compte les conséquences sur le long terme de cette action. Il représente la raison. À cause de l’alcool cette fonction est endommagée. Tu prends des décisions fondées sur l’émotion et non sur la raison, tu ne vois pas les conséquences de tes actions. Tu fonctionnes à court terme. C’est en partie pour ça que tu ne peux pas te retenir de boire !
De manière plus générale le cortex préfrontal est le siège des fonctions exécutives, C’est une part de tes capacités intellectuelles. Les fonctions exécutives te permettent d’adopter des comportements adaptés à des situations nouvelles ou complexes. C’est-à-dire t’adapter au changement et résoudre des problèmes. Ces fonctions sont endommagées. Les dommages de l’alcool sur le cortex préfrontal entraînent une baisse :
- De ta capacité à t’organiser et à planifier des objectifs,
- De ta capacité à faire des liens dans ta tête,
- De ta capacité à évaluer les situations et faire des choix d’action adéquats par la suppression d’actions inappropriées,
- De ta flexibilité cognitive qui est ta capacité de pouvoir passer facilement d’une idée à une autre.
Il faut que tu saches que la maturation du cerveau commence de l’arrière du cerveau jusqu’à l’avant donc c’est la dernière partie du cerveau à arriver à maturité. Avant 25 ans il est donc immature. C’est pour ça que les ados ont plus de difficultés à prendre des décisions, à gérer leurs émotions, prennent plus de risques etc. Si tu as moins de 25 ans et que tu fais du binge drinking tu perturbes à jamais, de manière irréversible ton cortex préfrontal. Ce dernier ne se développe pas comme il le faudrait. Il y a un fort risque d’avoir des troubles cognitifs et émotionnels à l’âge adulte.
Conséquence de l'alcool sur le cerveau : l'hippocampe
Une autre zone touchée par l’alcool est ton hippocampe. Elle est située au milieu de ton cerveau.
L’alcool excessif va avoir un impact très négatif sur cette zone. L’hippocampe est le siège de la mémoire. Celle-ci va être très affectée. L’alcool endommage ta mémoire à court terme ainsi que ta mémoire à long terme.
C’est particulièrement visible lorsque tu as un black-out.
Mais même sans black-out tu as des troubles de la mémoire généraux. Tu réfléchis plus lentement, tu arrives moins à t’adapter aux situations. Tu as des oublis fréquents de choses importantes, tu es sur disquette, tu répètes les mêmes histoires trois fois dans la journée.
Cela est dû à la toxicité de l’alcool mais aussi au fait que l’alcool entraîne une mauvaise absorption de la vitamine B1 (la thiamine) qui joue un rôle dans la mémoire. Pour les moins de 25 ans l’hippocampe est encore très sensible donc tu seras plus sujet aux trous noirs et aux troubles de la mémoire généraux. On sait que les personnes qui boivent beaucoup sont moins fortes aux tests de mémoire et aux tests évaluant les capacités d’apprentissage.
Conséquence de l'alcool sur le cerveau : un déclin cognitif et émotionnel progressif
Derrière chaque effet que je viens de te décrire il y a une lésion cérébrale causée par l’alcool ! En fait c’est toute l’intelligence qui se dégrade.
Alors je te rassure, cela n’est pas forcément définitif. Il peut y avoir une récupération partielle du volume du cerveau qui s’accompagne d’une amélioration des capacités cognitives si la personne arrête totalement l’alcool. Certains récupèrent en quelques mois pour d’autres cela prendra des années ça dépend de plusieurs facteurs comme l’âge par exemple et ça dépend aussi de la gravité des troubles.
C’est un continuum, plus tu bois, plus tes troubles cognitifs sont marqués. Chez les moins de 25 ans cela se développera plus rapidement que chez les adultes car ils sont plus sensibles à l’alcool comme je te l’ai expliqué. Mais en général c’est très progressif. La consommation d’alcool amène la personne peu à peu vers un déclin cognitif la personne à de moins en moins de mémoire, du mal à se concentrer, une cognition générale moins performante et tout cela peut se solder par une démence alcoolique.
La démence alcoolique
Une démence alcoolique c’est une démence liée à la consommation d’alcool qui est précoce ! C’est-à-dire qu’elle survient avant 65 ans. Elle est surtout présente chez les personnes âgées de 45 à 65 ans. Et touche même des femmes de 35 ans. Chez les plus jeunes on peut remarquer des prémisses à la démence qui se dissipent facilement avec l’arrêt de l’alcool. Il faut savoir que la consommation chronique d’alcool augmente par 3 le risque de démence. Et réduit l’espérance de vie d’une vingtaine d’années.
Il y a plusieurs types de démence alcoolique. La plus connue est le syndrome de Wernicke-Korsakoff, c’est une des plus graves. Elle est due aux effets toxiques de l’alcool et à une carence en vitamine B1. La personne est dans une confusion totale, une désorientation totale. Elle perd totalement la mémoire à court terme et à long terme. Elle passe de l’euphorie à la dépression, elle a un manque de réaction, une passivité et aucune capacité de planification. Il faut que cette démence soit traitée rapidement, avant qu'elle devienne irréversible.
Mon expérience personnelle
Bon alors c’est vrai que tout ça est peu réjouissant.
Je t’avoue que quand j’ai su tout ça après avoir arrêté de boire, je me suis dit que ça expliquait pas mal de choses chez moi. Malheureusement moi ma consommation de mes 15 à mes 25 ans c’était du binge drinking. Mais du binge-drinking qui n’était pas toujours exceptionnel. J’ai eu de nombreuses périodes ou c’était clairement de l’alcoolisme chronique !
Et tout ça avant 25 ans ! En fait j’ai arrêté de boire au moment où mon cerveau finissait de maturer, super ! Donc mon cerveau s’est construit avec l’alcool.
Et clairement les effets de l’alcool sur mon cerveau je les remarque tous les jours et quand je prends du recul sur mon histoire c’est clair que ça a eu un impact ! Alors ça s’est amélioré depuis que j’ai arrêté de boire évidemment mais je ne peux pas dire que je sois totalement remise de ma consommation d’alcool. Évidemment ça m’apporte une grande souffrance, ce n’est pas évident tous les jours, je me bats chaque jour pour aller mieux.
Je vois par exemple les dommages sur mon cortex préfrontal. J’ai une personnalité assez impulsive qui ne voit de base qu’à court terme. D’aussi loin que je me souvienne j’ai toujours eu tendance à prendre des décisions sous le coup de l’émotion et quasiment jamais de manière raisonnable. En société j’ai toujours été très désinhibée, je ne gardais rien pour moi !
En ce moment à bientôt 26 ans je suis en train d’apprendre à garder certaines choses pour moi, à réfléchir aux conséquences de mes actes, mais aussi à réguler mes émotions. Parce que je suis constamment submergée par mes émotions ! Même si aujourd’hui ça n’a clairement rien à voir avec quand je buvais ce n’est toujours pas ça !
Avec l’arrêt de l’alcool, je me suis découvert une personnalité assez anxieuse et stressé qui était bien cachée malheureusement. J’ai énormément de mal à adapter mes comportements lorsqu’il y a un changement. Donc j’apprends donc petit à petit à me relaxer autrement.
Je vois aussi les dommages sur le cervelet. On m’a toujours décrite comme quelqu’un d’ultra maladroite, qui perd constamment son équilibre, j’ai une démarche hyper éparpillée, je ne marche pas droit et j’ai de mauvais réflexes. Enfin j’ai une capacité de concentration et d’attention proche de zéro.
Je ne vais pas vous cacher que je me sens en retard par rapport aux autres de mon âge qui eux ont appris ce que je suis en train d’apprendre bien plus tôt que moi. Alors je pourrais là être totalement désespérée et je ne te cache pas que parfois c’est dur, parfois je me dis « mais qu’est-ce que tu as fait à ton cerveau bordel ! »
Mais je garde espoir parce que déjà d’un je sais que ça aurait pu être pire, j’aurais pu ne jamais arrêter l’alcool et rester toute ma vie dans ce brouillard, gouvernée par mes pulsions, bloquée dans une vie qui ne me rendait pas heureuse. De deux si je garde espoir c’est aussi car je sais qu’il existe quelque chose qu’on appelle la plasticité neuronale.
La plasticité neuronale
Dans ton cerveau tu as entre 90 et 100 milliards de neurones. Ces neurones sont connectés entre eux.
Quand tu répètes plusieurs fois un comportement, ce dernier crée un chemin neuronal. Tu as souvent répété le comportement "boire de l’alcool". Une cristallisation de ce comportement s'est donc créée dans ton cerveau. Un chemin neuronal a été créé.
Ce chemin neuronal ne se modifie pas facilement, il faut du temps et pour certain ce chemin sera toujours là. Il faudra apprendre à faire avec. Plus tu commences tôt l’alcool, plus ce chemin se forme facilement. Donc quand tu commences à boire à l’adolescence, c’est une porte d’entrée vers la dépendance.
Revenons à la plasticité neuronale. La plasticité neuronale c’est le fait que les chemins neuronaux se modifient tout au long de la vie. Ils se remodèlent, créent de nouveaux neurones en fonction de nos activités principales. Pour créer un nouveau chemin neuronal il faut répéter encore et encore un même comportement !
Plus tu répètes un comportement plus tes chemins neuronaux vont changer. Et c’est là que c’est formidable ! Personnellement, je suis convaincue que je peux agir sur mon cerveau et créer de nouvelles connexions. J’ai une part de contrôle !
Conseils
Conseil 1#
Crée de nouveaux chemins neuronaux dans ton cerveau !
Le but est que la prochaine fois que tu es anxieux par exemple, ton cerveau emprunte le chemin « balade dans la nature » ou « sport » plutôt que le chemin « boire de l’alcool » !
Alors comment on fait ça ? Et bien par la répétition !
Pour créer de nouveaux chemins dans ton cerveau qui soient sains et plus en cohérence avec la vie que tu veux vivre, il va te falloir répéter et répéter encore ces comportements.
Ces comportements peuvent être des comportements qui te relaxent : méditer, faire du yoga, respirer.
Ou qui font travailler ton cerveau comme, par exemple : lire, étudier. Ou les deux qui te relaxent et font travailler ton cerveau : t’améliorer dans une discipline sportive ou encore jardiner !
Oui je sais c’est un conseil extrêmement banal ! Et je sais que ce n’est pas facile à mettre en place.
Donc un conseil dans le conseil !
Choisis deux comportements pas plus que tu vas pouvoir répéter tous les jours ! Il est très important de les réaliser tous les jours. Plus tu répètes ces comportements, plus ces derniers vont s'ancrer en toi.
Moi j’ai choisi les comportements « Marche dans la nature » et « Respirer dès que je me sens anxieuse ».
Quand j’ai arrêté de boire, je voulais faire du yoga, lire, dessiner, étudier, méditer.
J’ai essayé tous les moyens possibles et imaginables de me relaxer. Mais c’était trop !
Je ne me suis améliorée dans aucune de ces disciplines ! J'étais trop éparpillée et irrégulière.
Donc je me suis mis un objectif. Tant que je ne me sentirais pas totalement détendue en rentrant d’une marche dans la nature ou en respirant profondément, je ne perdrais pas de temps à créer un autre chemin neuronal.
J’ai choisi des choses simples à mettre en place quotidiennement. Car je sais qu’à force de répétition je vais vers un mieux-être général !
Donc tous les jours, je m'entraîne à respirer dès que je me sens anxieuse et stressée. Et je vais marcher une heure par jour dans la nature. Et je m'y tiens !
Ce sont des choses simples, pas compliquées. Je ne fais pas du sport, je ne fais pas un gros effort mais j'ai une activité physique quand même. Et ça me va, ça me convient. Et pour l'instant, c'est tout ce dont je suis capable.
Parce que quand on arrête l'alcool, cela prend du temps de se mettre dans un mode de vie qui est plus sain. Cela ne se fait pas du jour au lendemain.
Il faut être patient et bienveillant envers soi-même, envers son corps qui a souffert pendant des années. Cela prend du temps, c'est normal !
Donc choisis deux comportements à mettre en place.
Conseil 2#
Prends de la vitamine B1. Et des vitamines B en général !
La vitamine B1 est bonne pour tes circuits neuronaux. La plupart des alcooliques ont une carence en vitamine B1.
Cela est dû à la malnutrition et à sa mauvaise absorption à cause de l’alcool.
J’ai commencé à prendre des vitamines B à mon huitième mois sans alcool et je peux te dire que j’ai vu une différence !